La communauté asiatique sous le choc après les fusillades d'Atlanta

La police sur l'un des lieux des fusillades de mercredi.

Les salons de massages d'un quartier décrépi d'Atlanta sont à l'épicentre de la peine qui parcourt la communauté asiatique américaine, endeuillée au lendemain de trois fusillades meurtrières.

Des fleurs, déposées mercredi devant les portes des établissements, côtoient désormais les néons "Ouvert" et "Bienvenue" encore allumés, accrochés à une vitre sans tain éclairée de lampes rouges.

C'est là que Robert Aaron Long, un homme blanc de 21 ans, a fait ses dernières victimes: une femme au Aromatherapy Spa, et trois autres de l'autre côté de la rue, au Gold Spa, toutes d'origine asiatique.

Le tireur avait démarré son parcours meurtrier plusieurs heures plus tôt dans un autre salon de massage à 50 km de là, où il avait tué quatre autres personnes dont deux femmes asiatiques, un homme blanc et une femme blanche.

Selon la police de l'Etat de Géorgie, Robert Long était un habitué des trois salons. Arrêté et placé en détention après 240 km de course poursuite en voiture, il a décrit son acte comme celui d'un "obsédé sexuel" soucieux de supprimer "une tentation". Bien qu'il ait nié tout mobile raciste, les enquêteurs n'écartent encore aucune piste.

Sam, un jeune de 20 ans, d'origine chinoise et qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, a confié à l'AFP avoir "un peu peur" après ces attaques.

"Jusqu'ici, ça ne m'avait pas affecté mais c'est effrayant que ce soit dirigé contre des Asiatiques", estime le jeune homme, serveur dans un café, qui appelle à ce que la communauté asiatique soit mieux protégée.

Le drame est intervenu dans un contexte d'extrême tension parmi la communauté asiatique du pays. Depuis le début de pandémie, le nombre d'agressions et d'actes hostiles contre cette minorité a explosé, selon les organisations de lutte contre l'extrémisme.

Droit à la protection

Les Américains d'origine asiatique souffrent d'avoir été associés à l'épidémie de coronavirus, que l'ex-président Donald Trump a plusieurs fois qualifié de "virus chinois".

Anthony Smith, qui gère un salon de tatouage dans la rue décimée par Robert Long, n'avait jamais vu un tel degré de violence depuis cinq ans qu'il y est installé, même si certains soirs peuvent être "animés".

"Ici, on a davantage l'habitude des excès de vitesse", raconte à l'AFP cet Afro-Américain de 38 ans encore sous le choc, qui n'a "jamais rien vu de cette ampleur, rien d'aussi fou".

La minorité asiatique de cet Etat du sud des Etats-Unis, représente près de 500.000 personnes, soit 4,1% de la population de Géorgie.

Stephanie Cho, de l'organisation Asian American Advancing Justice d'Atlanta, se dit "triste, effondrée, en colère, angoissée, mais resistante" après la tragédie.

"La suprémacie blanche nous tue, vraiment", dit-elle, expliquant que les autorités étaient pourtant conscientes des menaces pesant sur la communauté asiatique.

"Oui, c'est un crime raciste", renchérit Sarah Park, d'origine sud-coréenne comme beaucoup des victimes et de nombreux Asiatiques-Américains vivant en Géorgie.

"Notre communauté a un droit à la protection et elle le sera si tout le monde fait sa part", martèle Mme Park, qui préside la Coalition coréenne américaine d'Atlanta.

Mais le chemin à parcourir reste long, selon elle, qui cite en premier lieu la passivité des autorités à punir ces violences souvent dirigées contre des femmes très mal payées et à l'anglais balbutiant.