Le match Keïta-Cissé aura bien lieu, les recours de l'opposition rejetés

Le président sortant du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, à gauche et le leader de l'opposition et candidat à la présidence malienne, Soumaila Cisse un ancien ministre des finances et de l'économie, lors de l'élection présidentielle, Mali, 29 juillet 2018.

Le président malien sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et le chef de file de l'opposition, Soumaïla Cissé, seront bien opposés au second tour de l'élection présidentielle le 12 août, a confirmé mercredi la Cour constitutionnelle malienne, en rejetant les recours introduits par l'opposition.

La communauté internationale, présente militairement avec la force française Barkhane, qui a pris le relais de l'opération Serval déclenchée en 2013 contre les jihadistes, et avec les Casques bleus de l'ONU, attend du vainqueur une relance de l'accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards.

Malgré cet accord, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.

M. Keïta, qui brigue un second mandat à 73 ans, termine largement en tête du premier tour, qui s'est tenu le 29 juillet, avec 41,70% des suffrages, selon les résultats définitifs proclamés lors d'une audience retransmise à la télévision par la présidente de la cour constitutionnelle, Manassa Danioko, alors que des résultats provisoires annoncés la semaine dernière lui attribuaient 41,42%.

Son rival comme en 2013, Soumaïla Cissé, 68 ans, qui clamait depuis lors que ces résultats n'étaient "ni sincères, ni crédibles", a vu son score très légèrement revu à la baisse à 17,78%, contre 17,8% annoncés précédemment.

Il y a cinq ans, Ibrahim Boubacar Keïta, dit "IBK", l'avait emporté avec plus de 77% des suffrages.

- 'Campagne très courte' -

"Nous sommes satisfaits de la bonne dynamique en faveur du président", s'est félicité son porte-parole, Mahamadou Camara. Au cours d'une campagne "très courte" de deux jours à peine, le camp d'IBK ira "à la rencontre des Maliens" pour leur expliquer son programme, soit "de consolider les acquis, amplifier les réussites et corriger les manques", a-t-il indiqué à l'AFP.

>> Mali : L'UE appelle à davantage de transparence au Mali

Des rassemblements sont prévus jeudi "dans l'ensemble du pays" et, vendredi, "des caravanes" partiront des différents quartiers de la capitale pour converger vers 17H00 (locale et GMT) place du Cinquantenaire. Le président sortant s'adressera alors à ses militants et aux électeurs, a noté M. Camara.

Les 18 candidats de l'opposition, dont Soumaïla Cissé, qui ont constitué un "front démocratique contre la fraude" et ont vu leurs espoirs d'une révision des résultats balayés par la cour constitutionnelle, étaient réunis mercredi soir pour envisager la suite, selon une source.

"Cette proclamation de la cour constitutionnelle est sans surprise", a déclaré à l'AFP un membre de l'entourage de M. Cissé. "Nous continuons à dénoncer les fraudes manifestes du premier tour et en appelons à la mobilisation et au rassemblement du camp du changement, majoritaire dans le pays", a ajouté ce proche du leader de l'opposition.

- Requêtes 'irrecevables' -

L'opposition avait déposé plus d'une vingtaine de requêtes, dont certaines demandaient l'annulation totale du premier tour, en raison d'allégations de "bourrages d'urnes", surtout dans le centre et le nord du pays, ou encore car "des bandits armés" ont attaqué plusieurs bureaux de vote, en saccageant le matériel électoral.

Le gouvernement malien avait reconnu lundi que quelque 245.888 électeurs "n'ont pas pu voter pour diverses raisons", en publiant une liste de 871 bureaux de vote où le scrutin n'avait pas pu se tenir.

La plus haute juridiction du pays a déclaré "irrecevables" la plupart de ces requêtes, faute d'avoir été déposées dans les délais, et en a rejeté trois. Elle a également retoqué les demandes de récusation déposées contre plusieurs de ses membres par les trois principaux candidats de l'opposition, expliquant qu'il n'existait "aucune procédure constitutionnelle de récusation".

"Nous alertons la communauté internationale pour qu'elle prenne ses responsabilités face à ce hold-up électoral", a plaidé l'entourage de M. Cissé, au lendemain d'un appel adressé par l'Union européenne pour davantage de transparence et pour que l'accès aux bureaux de vote soit garanti lors du second tour.

Avec AFP