La Cour de la Cédéao suspend les sanctions nigérianes contre Twitter

Un utilisateur de Twitter à Lagos, Nigeria, le 7 juin 2021.

La Cour de justice de la Cédéao ordonne au gouvernement du Nigeria de s'abstenir d'imposer des sanctions à tout média ou de harceler, intimider, arrêter et poursuivre les utilisateurs de Twitter dans le pays.

Un tribunal ouest-africain a rendu mardi une injonction préliminaire ordonnant au gouvernement nigérian de s'abstenir de sanctionner le réseau social Twitter.

Dans un arrêt dont le résumé a été publié sur son site internet, la a Cour de Justice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a ordonné au gouvernement fédéral nigérian de s'abstenir d'imposer des sanctions, de harceler, intimider, arrêter ou poursuivre en justice les utilisateurs de Twitter.

Tout remonte au 2 juin, lorsqu'un tweet du président Muhammadu Buhari est supprimé unilatéralement par Twitter car, aux yeux du réseau social, il viole la charte d'utilisation de la plate-forme.

La réponse des autorités ne se fait pas attendre: Twitter est sur l'ensemble du territoire nigérian.

Outrés, une organisation de défense de droits humains et plusieurs leaders d’opinion portent plainte devant la cour de la Cédéao pour contester la suspension du réseau social dans le pays le plus peuplé d'Afrique.

Même la décision de mardi ne constitue pas un jugement sur la substance du litige -- des audiences ont été fixées à une date ultérieure -- elle représente néanmoins une première victoire pour les défenseurs de la liberté d’expression sur le pouvoir en place.

"J’espère que le gouvernement fédéral va respecter cette décision pour la simple raison que c’est la cour de la CEDEAO et elle a bien une juridiction pour statuer sur des cas pareils", selon l’activiste nigériane Faith Nwadishi de l'organisation non gouvernementale SERAP qui avait déposé une plainte contre la suspension de Twitter et la menace de sanctionner ses utilisateurs.

L’organe bénéficie du soutien de la majorité de Nigérians et d’autres organisations de la société civile parmi elles, Connected Development (CoDe).

Son fondateur Hamza Lawal partage l’idée de SERAP qui pense que la suspension du réseau social par le gouvernement fédéral est illégale.

"La cour reste le seul espoir des Nigérians pour revenir sur cette interdiction illégale de Twitter. Je suis vraiment content que SERAP et d’autres organisations de la société civile se sont joints aux Nigérians pour aller contester la décision à la cour", souligne-t-il.

Depuis la suspension du réseau social américain en territoire nigérian au début du mois, les débats autour de la question dominent toujours l’actualité.

Mardi, le ministre de l’information et de la culture, Lai Mohamed, était devant les parlementaires pour défendre la décision du gouvernement. Une décision qui avait provoqué le courroux de certains députés.

Compte tenu de la décision de la cour, le gouvernement vient de constituer une commission qui doit entrer en négociations avec Twitter pour résoudre la crise.

La cour de la Cédéao ouvre ses portes en 2011. Elle est présentement constituée de cinq juges originaires des pays de la sous-région. Elle est basée dans la ville d'Abuja, au Nigeria.