La CPI, "un instrument politique"

  • Eric Manirakiza

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda à La Haye, 8 avril 2018. (Twitter/CPI)

"Pourquoi cet instrument (CPI) existe ?", s’interroge le Burkinabé Ismaïl Diallo qui remet en question l’efficacité de la Cour pénale internationale eu égard à ses tentatives de juger des personnalités politiques de haut rang, presque toutes en Afrique.

Ismaïl Diallo parle d’un "double échec, échec cuisant" de la CPI après avoir gardé en détention pendant plusieurs années, l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, l’ex-président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé qui était à la tête du mouvement des Jeunes patriotes.

"Qu’est-ce qu’on va faire des huit années de Gbagbo derrière les barreaux, des années de Bemba derrière les barreaux ? Simplement des excuses ? On s’est trompé, excusez-nous", fait remarquer M. Diallo.

"C’est un instrument politique", dit-il, estimant que la CPI agit pour le compte des "puissants".

"Il y a eu une opération militaire dirigée par la France contre Laurent Gbagbo. Il y a eu un enlèvement par les troupes françaises de Laurent Gbagbo", ajoute Ismaïl Diallo qui parle de l’absence de justice dans cette affaire. "Il n’y a pas eu de justice", indique-t-il.

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CPI, "un instrument politique" (analyse)

Se disant habitué des arcanes de la justice internationale, l’analyste ne partage pas l’avis de certains observateurs qui pointent une incompétence du procureur.

"Ce n’est pas la faiblesse de l’accusation, c’est tout un système. La réalité est que c’était la politique du plus fort", soutient M. Diallo. Et malgré l’acquittement de ces trois hommes, il dit ne pas reconnaître le caractère indépendant de cette Cour.

"C’est une juridiction indépendante pour les faibles, pas pour les puissants. C’est un jeu d’échec", conclut-il.

Un expert de la justice internationale, qui a requis l’anonymat, estime que l’emprisonnement de M. Gbagbo était une "décision d’opportunité" pour l’écarter du "circuit politique".

Il dénonce la "sous-traitance des enquêtes à travers les ONG". "Ce n’est pas tolérable", dit-il. Il qualifie d’"acharnement à la condamnation" le travail de certaines ONGs devenues, selon lui, des "porte-flingues de stratégie politique". Toutefois, il indique que la CPI reste "efficace et nécessaire quand on a rien à se reprocher".