Selon le projet de loi constitutionnelle, le vice-président sera nommé et révoqué par le président de la République. Il aidera le chef de l’Etat dans ses responsabilités et fonctions en cas d’absence du territoire ou d’empêchement temporaire. Une initiative qui va supprimer définitivement la primature.
"Nous avons défendu le principe de la vice-présidence parce que c’est logique avec la 4e République. Si on restaure la primature, ça veut dire qu’on remet en cause la 4e République et on revient avec un autre régime qui est parlementariste", a déclaré M. Abdéraman Djasnabaye, coordonnateur de la majorité présidentielle.
En cas de vacance de poste ou d’empêchement définitif, les attributions du chef de l’Etat sont provisoirement exercées par le vice-président. Il procédera à des nouvelles élections présidentielles 45 jours au moins et 90 jours au plus.
Pour Dr Nasra Djimasngar secrétaire général du parti "Un nouveau jour", l’opposition démocratique dans son ensemble et la société civile étaient catégorique à la création du poste de vice-président. "Le Tchad n’a pas besoin d’un vice-président parce que c’est un poste qui va diviser les Tchadiens", a-t-il indiqué.
Pour le constitutionnaliste Ahmat Mahamat Hassan, il faut expérimenter. En 2018 dit-il, c’était le système de la présidence intégrale, mais maintenant l’intégralité se limite avec le parlement qui sera secondé d’une chambre haute, le Sénat. Le constitutionnaliste estime que cela répond à des réalités politique du pays dans la recherche de la stabilité, et du vivre ensemble.
Pour beaucoup d’observateurs, la création du Sénat en elle même n’est pas mauvaise, puisqu’il jouera le rôle de négociateur pour des intérêts locaux entre l’assemblée nationale et l’exécutif.
Par contre, la création du poste de vice-président relève d’un calcul politique. Puisque le président actuel ouvre une possible succession par voie constitutionnelle d’un dauphin qu’il aura choisi pour pérenniser son régime.
Dr Djong-yang Dibam, publiciste et consultant indépendant, estime que deux scénarios sont envisageables.
Le premier scénario selon lui, c’est qu’en plein mandat présidentiel, le président peut décider de se retirer pour des raisons quelconques et se faire remplacer à la tête de l’Etat par un vice-président dauphin qu’il aura choisi.
Le second scénario, poursuit-il, c’est que le prédisent peut décider de ne plus se présenter à l’élection présidentielle, pas en avril 2021 mais au prochain scrutin, et d’investir un vice-président dauphin qui portera les couleurs du parti au pouvoir.
Mais, pour le constitutionnaliste Ahmat Mahamat Hassan, ce genre d’analyse semble être assez courte et sans fondement. "Si le président avait l’intention de transformer la forme républicaine de l’Etat en monarchie, il n’aurait pas accepté qu’il y ait une répartition de pouvoir entre lui et un vice-président", réplique-t-il.
Si ce projet de loi constitutionnelle validé par le conseil des ministres est adopté par l’assemblée nationale, c’est pour la troisième fois consécutive que la loi fondamentale sera modifiée en 30 ans de pouvoir d'Idriss Déby.
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