La demande de pardon de Blaise Compaoré diversement appréciée

Aly Coulibaly, conseiller du président ivoirien Alassane Ouattara (au centre), lors de la remise de la lettre de Blaise Compaoré au colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, Ouagadougou, le 26 juillet 2022.

Au Burkina Faso, l’ancien président Blaise Compaoré, en exil depuis près de 8 ans en Côte d’Ivoire, a demandé "pardon au peuple burkinabè". Les défenseurs de la mémoire de Thomas Sankara estiment que cette demande de pardon manque de sincérité.

Mardi, au palais présidentiel de Kosyam, Aly Coulibaly, conseiller spécial du président ivoirien Alassane Ouattara et Djamila Compaoré, la fille de Blaise Compaoré, ont apporté une lettre de l’ancien président du Faso au chef de l'État actuel, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

"Je demande pardon au peuple burkinabè pour tous les actes que j'ai pu commettre durant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël Sankara. J'assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m'accorder leur pardon", a déclaré la lettre lue par Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement.

A écouter La demande de "pardon" de Blaise Compaoré fait débat au Faso

"Le président Blaise Compaoré est un homme de paix et de dialogue", a expliqué Mamadou Abdel Kader Traoré, coordonnateur du Mouvement pour le retour de Blaise Compaoré. "Ce message entre dans le cadre du processus de réconciliation nationale lancé par le président Damiba", a-t-il ajouté.

Mais pour ceux qui défendent la mémoire de Thomas Sankara, la demande de pardon est ambiguë et manque de sincérité.

"C’est inadmissible que le pardon de monsieur Blaise Compaoré ne se fasse pas avec les valeurs de la sincérité, d’un homme qui s’assume et publiquement et qui par respect pour le peuple Burkinabè dont il a été le bourreau pendant 27 ans", a déploré Serge Bayala, membre du Comité international mémorial Thomas Sankara.

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L’ancien président Compaoré a appelé les Burkinabè "à une union sacrée, à la tolérance, à la retenue, mais surtout au pardon pour que prévale l'intérêt supérieur de notre Nation". Pour lui, c’est l'unique voie qui permettra ainsi de mettre fin aux incompréhensions et conflits intercommunautaires pour lutter efficacement contre le terrorisme.