La Fed relève les taux d'intérêt et prévoit une croissance plus forte en 2018

Gerard Farco observe l'écran défilant du marché des changes à New York, le 1er Novembre 2017

La Banque centrale américaine (Fed), qui a relevé mercredi les taux d'intérêt pour la troisième fois de l'année, s'attend à une croissance nettement plus soutenue en 2018 et à un taux de chômage tombant sous la barre des 4%.

Comme le prévoyaient les marchés, les taux ont été relevés pour s'établir dans la fourchette de 1,25% à 1,50%, selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion du Comité monétaire (FOMC). Il s'agit de la troisième hausse du coût du crédit de l'année.

Le produit intérieur brut (PIB) américain devrait progresser de 2,5% en 2018 en glissement annuel, soit 0,4 point de plus que prévu en septembre, selon les nouvelles projections du FOMC. Et le taux de chômage devrait, lui, s'établir à 3,9% (contre 4,1% estimé précédemment).

Certains membres du Comité semblent ainsi prendre désormais en compte la réforme des impôts voulue par le président Trump et actuellement discutée au Congrès qui pourrait dynamiser l'activité du pays. Cette réforme propose d'importantes réductions d'impôts aux entreprises et va coûter entre 1.000 milliards et 1.500 milliards de dollars de recettes à l'Etat fédéral sur dix ans.

"Le Comité continue de s'attendre à ce que, avec des ajustements progressifs dans sa politique monétaire, l'activité économique et les conditions du marché du travail restent solides", a commenté pour l'heure la Fed sans mentionner cette réforme.

Elle a en outre souligné que les ouragans, qui ont dévasté en août et septembre le Texas, la Louisiane et la Floride, n'avaient pas altéré les perspectives économiques.

La Fed a en revanche laissé inchangée sa prévision pour l'inflation en 2018 à 1,9% mais l'a revue en légère hausse pour 2017 à 1,7% (+0,1 point), toujours en deçà de l'objectif des 2% visés par l'institution.

Pour l'année 2017 qui s'achève, la Fed se montre également plus optimiste avec une croissance du PIB attendue en hausse de 2,5% contre 2,4% anticipé en septembre.

Si cette progression venait à se confirmer, la croissance de l'économie américaine se rapprocherait des attentes de l'administration Trump qui voudrait la porter à 3%, voire davantage. Au troisième trimestre, le PIB américain a crû en rythme annualisé de 3,3% après 3% au deuxième trimestre et 1,2% au premier trimestre.

La Fed estime désormais que le taux de chômage va s'établir à 4,1% cette année (-0,2 point), un taux conforme à celui publié pour novembre par le département du travail. Il s'agit également du taux le plus faible depuis 17 ans.

"Les risques à court terme pour les perspectives économiques apparaissent globalement équilibrés mais le Comité surveille de près l'évolution de l'inflation", a une nouvelle fois insisté mercredi la Fed.

Le Comité va en particulier scruter à la loupe les conditions du marché du travail, les indicateurs relatifs à l'inflation ainsi que les évolutions financières et internationales pour décider de nouvelles hausses de taux d'intérêt en 2018.

A plus long terme, la Fed voit l'inflation s'accélérer en 2019 et 2020 à 2% conformément à son objectif.

Une dernière indication sur l'inflation a été donnée mercredi avec la publication de l'indice CPI qui a augmenté comme prévu de 0,4% en novembre et de 2,2% sur un an. Mais cette hausse est essentiellement le fait d'un bond des prix énergétiques alors que l'inflation sous-jacente, sans les secteurs volatils de l'énergie et de l'alimentation, n'a avancé que de 0,1% sur un mois et 1,7% sur un an.

Pour 2018, les prévisions médianes des participants au FOMC ("dot plot") projettent toujours trois relèvements des taux d'intérêts, reflétant, malgré l'accélération de la croissance, des doutes sur la trajectoire de l'inflation.

La présidente Janet Yellen, 71 ans, devait tenir une ultime conférence de presse alors que son mandat de quatre ans s'achève en février. Elle doit être remplacée par Jerome Powell, un républicain modéré choisi par le président américain Donald Trump, qui devrait être confirmé sans accroc à ce poste au Congrès.

Cette décision de relever les taux n'a pas été prise à l'unanimité. Deux participants au Comité, Neel Kashkari de la Fed de Minneapolis et Charles Evans de celle de Chicago ont voté contre et auraient préféré laisser les taux inchangés.

Avec AFP