La fédération italienne de football sacrifie Ventura et vise Ancelotti

Gian Piero Ventura, à gauche et Gianluigi Buffon lors de la conférence de presse d'avant le match Italie - Suède, Milan le 12 Novembre 2017REUTERS/Max Rossi

Gian Piero Ventura n'est plus sélectionneur: la fédération italienne a fait rouler une tête après l'élimination historique de la Nazionale pour la Coupe du monde et espère maintenant attirer un grand nom, Carlo Ancelotti en priorité, pour faire oublier ses responsabilités dans ce fiasco.

"A partir d'aujourd'hui, Gian Piero Ventura n'est plus le sélectionneur de l'Italie", a indiqué la FIGC dans un bref communiqué, deux jours après l'élimination de la Squadra Azzurra face à la Suède en barrage d'accession au Mondial-2018.

Les participants à la réunion qui s'est tenue mercredi après-midi à Rome au siège de la fédération n'ont pas donné plus de détails sur le départ de Ventura.

Mais selon la presse sportive italienne, l'ancien sélectionneur n'a pas démissionné et la FIGC devra donc lui payer ses mois de salaire restant jusqu'à la fin de son contrat en juin 2018, soit environ 800.000 euros.

Le départ de Ventura ne faisait pas la moindre doute, l'absence de la sélection au Mondial pour la première fois depuis 1958 ayant été vécue comme un immense traumatisme en Italie.

Au point que de nombreux observateurs avaient également demandé le départ du président de la fédération Carlo Tavecchio, qui avait choisi Ventura après l'Euro-2016 réussi de l'Italie (quart de finale), alors guidée par Antonio Conte.

"A sa place, moi je donnerais ma démission", avait ainsi déclaré Giovanni Malago, président du Comité olympique (Coni), qui chapeaute toutes les fédérations sportives italiennes.

- Ancelotti en pole -

Mais Tavecchio, 74 ans, a pour l'instant sauvé son poste. Selon le communique de la FIGC, il "a informé les participants à la réunion, qui en ont pris acte, de l'impossibilité pour lui de démissionner", en attendant de présenter au conseil fédéral "une série de propositions".

Le chantier qui attend le football italien est vaste et pourrait concerner la formation, la réforme des championnats (Serie A à 18 équipes) ou la création d'équipes réserves comme en France ou en Espagne, afin d'aguerrir des jeunes qui aujourd'hui ne jouent que face à des adversaires de leur âge dans le championnat "Primavera".

Mais il semble clair que c'est très largement sur le nom du successeur de Ventura que Tavecchio jouera son avenir fédéral.

"Nous avons pensé à des entraîneurs importants et nous allons essayer de faire aboutir ce projet", a-t-il d'ailleurs déclaré dans la soirée à la chaîne Sky Sport, évoquant également "un programme technique et organisationnel qui prévoit une collaboration avec d'autres championnats".

Un Conseil Fédéral a également été convoqué pour lundi et Tavecchio espère sans doute pouvoir y donner un nom, clinquant si possible.

Pour l'ensemble des médias sportifs italiens, la piste prioritaire mène à Carlo Ancelotti, libre après avoir été remercié par le Bayern Munich.

- l'opposition existe -

Consensuel et fort de son monstrueux palmarès (trois Ligues des Champions, champion d'Italie, d'Angleterre et de France), l'ancien entraîneur du Paris SG serait effectivement une très belle prise pour la fédération après le fiasco Ventura, qui était très loin d'avoir son expérience du haut niveau.

Les autres noms qui circulent sont (presque) du même calibre, avec un éventuel retour de Conte ou l'arrivée de Massimiliano Allegri ou Roberto Mancini. Mais tous ces techniciens sont sous contrat et très bien payés par leurs clubs et la FIGC, pour laquelle l'élimination en barrage va avoir des conséquences économiques, ne pourra peut-être pas faire de folies.

Quoi qu'il en soit, l'opposition à Tavecchio reste vivante, même si elle est probablement minoritaire au sein du Conseil Fédéral.

Damiano Tommasi, le président du syndicat des joueurs (AIC), a ainsi rapidement quitté la réunion de mercredi, après avoir compris que le président de la fédération ne démissionnerait pas.

"Nous, nous pensons qu'il n'est pas possible de ne pas repartir par de nouvelles élections", a-t-il déclaré à la presse. Sur Twitter, il a ensuite été plus direct: "Aujourd'hui j'ai eu la confirmation que les bancs de touche sont moins confortables que les gros fauteuils".


Avec AFP