L'Agence française de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) a alerté lundi sur la découverte d'une intrusion informatique "touchant plusieurs entités françaises" via le logiciel français Centreon, qui compte parmi ses clients de grandes entreprises et le ministère français de la Justice.
"Les premières compromissions identifiées par l'Anssi datent de fin 2017 et se sont poursuivies jusqu'en 2020", écrit l'Anssi dans un rapport présentant les informations techniques liées à cette campagne d'attaque.
L'agence a établi que l'attaque présentait "de nombreuses similarités avec des campagnes antérieures du mode opératoire Sandworm", généralement attribué au renseignement militaire russe. Mais elle n'accuse toutefois pas explicitement la Russie, conformément à sa pratique de se limiter à l'expertise technique des attaques.
La cyberattaque "rappelle les méthodes qui ont déjà été utilisées par le groupe lié au renseignement russe Sandworm, mais ça ne garantit pas que ce soit lui", a indiqué le spécialiste en cybersécurité du cabinet de conseil Wavestone Gérome Billois.
La durée de l'attaque avant d'être découverte laisse entrevoir des attaquants "extrêmement discrets, plutôt connus pour être dans des logiques de vol de données et de renseignements", a-t-il ajouté.
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"Centreon a pris connaissance des informations publiées par l’ANSSI ce soir, au moment de la publication du rapport, qui concernerait des faits initiés en 2017, voire en 2015", a réagi lundi la société Centreon.
"Nous mettons tout en œuvre pour prendre la mesure exacte des informations techniques présentes dans cette publication", a-t-elle ajouté.
Utilisé par de nombreuses entreprises (Airbus, Air France, Bolloré, EDF, Orange ou encore Total) et par le ministère de la Justice, le logiciel Centreon permet de superviser des applications et des réseaux informatiques.
"Cette campagne a principalement touché des prestataires de services informatiques, notamment d'hébergement web", a indiqué l'Anssi. Mais cela peut aussi induire un important "effet de levier" en exposant les données des clients de ces mêmes prestataires, a commenté M. Billois, qui précise qu'il faudra du temps pour évaluer la véritable ampleur de l'attaque.
L'affaire rappelle la vaste cyberattaque attribuée à la Russie qui a visé les Etats-Unis en 2020.
Cette ambitieuse campagne d'espionnage a détourné un logiciel de surveillance informatique fabriqué par SolarWinds, une société basée au Texas. Selon la presse, le président de Microsoft, Brad Smith, a décrit cette attaque comme "la plus grande et la plus sophistiquée que le monde ait jamais connue".
Les pirates ont pu s'infiltrer dans les emails des ministères américains du Trésor, de la Justice et du Commerce, ainsi qu'à d'autres agences.
Aucun suspect n'a été formellement identifié à ce jour.