La gifle espagnole laisse l'Argentine en plein doute

Des joueurs de l'équipe d'Argentine lors des tirs au but de la finale de la Copa America contre le Chili, Santiago le 4 juillet 2015

A chaque but que marquait l'Espagne, l'Argentine tremblait un peu plus, jusqu'à ce catastrophique 6-1 qui a plongé le pays de Messi dans un abyme de doutes à un peu plus de deux mois du Mondial-2018.

Le quintuple Ballon d'Or censé enfin faire triompher l'Argentine, qui avait dû déclarer forfait pour préserver ses ischio-jambiers, n'a pas supporté l'humiliation. Il a quitté les tribunes 12 minutes avant la fin.

Certains, comme l'ancien international Javier Mascherano, sont restés sans voix. "Que veux-tu que je te dise?", a-t-il répondu à un journaliste dans le stade Metropolitano de Madrid.

Au milieu de ce tsunami de critiques, une voix est venue apporter son soutien à l'Albiceleste, avec qui il a réussi l'exploit en 1986: Diego Maradona. "Actuellement, on ne peut que s'améliorer. Allez l'Argentine, encore et toujours !!!", a-t-il écrit sur Instagram.

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La gifle espagnole a eu le mérite de révéler au grand jour les défauts de l'équipe, qui va du manque de coordination et d'identité à l'absence de joueurs-cadres.

"L'Argentine va vivre un calvaire jusqu'au Mondial. Messi est un génie et t'évite des catastrophes. Mais (le sélectionneur, Jorge) Sampaoli doit chercher à mettre en place une structure pour le soutenir. Aujourd'hui, les boulons de la structure sont desserrés", a commenté le champion du monde au Mexique-86 Jorge Valdano.

L'Argentine va en Russie en juin parce que Messi a retrouvé l'inspiration alors que le pays était au bord du gouffre de l'élimination, en battant l'Equateur (3-1). Depuis, la bande à "Leo" affiche toujours le même manque de créativité, la même fragilité en défense et le même manque de dynamique collective.

"L'Argentine n'appartient pas à Messi. Elle doit avoir un concept collectif. Ceux qui jouent le mieux actuellement sont l'Espagne et l'Allemagne. Le désordre au sein de cette équipe était trop grand", a jugé l'entraîneur Angel Cappa.

La victoire (2-0) face à l'Italie à Manchester était trompeuse: sans Messi, l'Argentine peut vaincre une équipe faible, mais se brise devant une formation solide.

Pourtant, avec "Manu" Lanzini (West Ham), Lautaro Martinez (Racing/Argentine), Cristian Pavon (Boca/Argentine), Paulo Dybala (Juventus), Maxi Meza (Independiente/Argentine) et Nico Tagliafico (Ajax), une nouvelle génération pointe le bout de son nez. Mais sur le terrain, ils se connaissent à peine.

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"Faire une analyse sérieuse après un 6-1 n'est pas objectif", a déclaré le jeune Maxi Meza.

Sans surprise, l'enthousiasme des fans a été douché après la déroute de mardi. Selon un sondage express sur le site minutouno.com, seuls 17,9% des internautes interrogés croient encore que l'Argentine peut remporter le Mondial, contre 82,1% qui pensent que l'Albiceleste n'a aucune chance.

Sur internet, les "mèmes" à l'humour vache ont fait leur retour, moquant la jambe "en bois" de Gonzalo Higuain et les larmes du soleil sur le drapeau argentin.

"L'Argentine, tu n'as pas d'équipe. Si Messi n'était pas là, on ne passerait même pas le premier tour", a lâché le champion du monde en Argentine-78 Daniel Bertoni.

Dans le groupe D, l'Albiceleste va rencontrer l'Islande, la Croatie et le Nigéria.

"Il ne nous reste plus qu'à prier que Messi soit en forme", a confié un autre champion du monde de 1978, Mario Kempes.

Avec AFP