La Guinée à Paris pour lever des fonds afin de doper sa croissance

La Tour Eiffel à Paris

Les autorités de Guinée rencontrent jeudi à Paris leurs partenaires publics et privés pour lever des fonds afin de soutenir leur plan national de développement de 13,7 milliards de dollars qui doit permettre de doper la croissance d'ici à 2020.

"Nous attendons l'annonce de soutiens de l'ensemble de nos partenaires, sous la forme de dons, de prêts, ou des deux" au Plan national de développement économique et social (PNDES), a expliqué à l'AFP Kanny Diallo, la ministre guinéenne du Plan et de la Coopération internationale.

Près de 300 participants sont invités à la réunion du "groupe consultatif", à laquelle participera le président Alpha Condé, en présence d'investisseurs privés et les représentants de pays partenaires comme la France, l'Allemagne, les Etats-Unis, mais aussi des puissances émergentes comme la Chine, la Russie et l'Inde.

Des institutions financières multilatérales comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque islamique de développement (BID), la Banque arabe pour le développement de l'Afrique (Badea) et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ont également confirmé leur présence.

"Nous avons bon espoir qu'il y ait une forte participation et surtout qu'il y ait des annonces assez intéressantes pour financer une cinquantaine de projets", a expliqué Mme Diallo.

La ministre a rappelé que le plan de développement de 13,7 milliards de dollars serait financé à 30% par le budget national, à 38% par "des partenariats public-privé", et le solde de 32% par des partenaires économiques et financiers.

Pour Stéphane Colliac, économiste senior chez l'assureur-crédit Euler Hermes, "il y a effectivement de l'appétit pour le financement vers l'Afrique, une zone qui va s'urbaniser à l'avenir".

"A travers ce plan, nous ambitionnons d'atteindre un taux de croissance à deux chiffres en 2020", soit près de 10%, contre 6,6% en 2016 et 6,7% attendu cette année, a estimé la ministre. Un "objectif qui nous apparaît faisable compte tenu des investissements prévus", a ajouté la ministre guinéenne.

"Un peu optimiste", a tempéré toutefois M. Colliac. "Avec un pays de cette gouvernance-là, avec ce niveau de climat des affaires, on peut s'attendre à un écart entre les promesses et les réalisations", a expliqué l'économiste, citant des plans de relance d'autres Etats où "typiquement entre le tiers et la moitié des dépenses annoncées ont été mises en oeuvre".

- Quatre piliers -

Pour attirer les investisseurs, la Guinée affiche cependant des performances macroéconomiques enviables: son niveau d'endettement est de 41% et son déficit public inférieur à 2%. "La Guinée s'en sort pas trop mal, malgré une dépendance aux métaux dans ses exportations", a reconnu M. Colliac.

Le Plan de développement repose sur quatre piliers: la promotion de la bonne gouvernance, la croissance économique, le développement du capital humain et une gestion durable des ressources naturelles, a rappelé la ministre.

Il prévoit la "construction de routes, de chemins de fer, la construction de barrages qui contribueront à la mise en valeur du potentiel hydro-électrique de la Guinée", a assuré Mme Diallo.

Pour la ministre, il s'agit de "diversifier l'économie". "Nous ne voulons pas nous contenter, par exemple, de la production du secteur minier", l'une des principales ressources du pays.

Pour l'extraction de bauxite, par exemple, la construction d'usines d'alumine est prévue "à partir d'un certain nombre de tonnage (...) pour avoir la transformation sur place au lieu d'exporter la matière brute", a expliqué la ministre.

Dans un autre secteur clef, l'agriculture, la Guinée souhaite "créer les conditions pour le développement d'une agro-industrie qui peut contribuer à la réduction de la pauvreté", a-t-elle souligné, rappelant que "près de 80% des terres arables ne sont pas cultivées" et soulignant ce "potentiel pour développer un secteur agricole très dynamique.

Dans le secteur social, le gouvernement guinéen a également l'intention de construire des universités et de renforcer le système sanitaire.

Avec AFP