La Guinée équatoriale se dote d'une prison plus conforme aux droits de l'homme

Un homme passe devant une affiche électorale du parti d'opposition PCSD-Baboro de la coalition social-démocrate à Malabo le 23 avril 2016.

La Guinée équatoriale s'est dotée d'une nouvelle prison présentée par les autorités comme une réponse aux fréquentes critiques sur le non respect des droits de l'homme dans ce pays d'Afrique centrale dirigé depuis près de quarante ans par le président Teodoro Obiang Nguema.

"Le gouvernement a mis en action une des exigences de la Commission des droits de l'homme sur le traitement des prisonniers. Cette prison est surtout un centre de rééducation, car en purgeant sa peine, on a l'opportunité de se former", a déclaré mardi soir à la télévision d'Etat Alfonso Nsue Mokuy troisième vice-premier ministre, en charge des droits de l'homme.

Les ONG et la communauté internationale s'inquiètent régulièrement du non-respect des droits de l'homme, malgré les démentis des autorités équato-guinéennes.

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L'opposition dénonce aussi les exactions dont sont victimes ses militants emprisonnés. Son principal parti, Citoyens pour l'innovation (CI) a récemment dénoncé, pour la deuxième fois en 2018, le décès d'un de ses militants "des suites de tortures".

Le nouveau centre de détention comprend une bibliothèque, une salle informatique, ou encore un centre de formation professionnelle pour faciliter les réinsertions, selon le reportage de la télévision nationale.

Inauguré vendredi, le nouveau bâtiment d'une capacité de 500 prisonniers, a été construit par une société israélienne à Oveng Asem (centre), la ville natale du président Teodoro Obiang Nguema au pouvoir depuis 1979.

La prison a coûté 40 milliards de FCFA (près de 70 millions d'euros), selon le reportage.

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"Les fonds débloqués ici pouvaient nous servir à la construction d'une école, d'un hôpital ou d'une université, mais nous avons préféré construire cette prison pour que nos détracteurs sachent que le gouvernement de Guinée équatoriale veut bien traiter les prisonniers", a déclaré vendredi le président équato-guinéen.

"C'est un pas de plus pour le pays", a déclaré à la télévision nationale l'ambassadrice des Etats-unis à Malabo, Julie Furuta-Toy. Les Américains ont formé les premiers gardiens.

Depuis mai, deux opposants et un magistrat sont morts en prison ou au commissariat en Guinée équatoriale.

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Le président équato-guinéen a annoncé début juillet une "amnistie totale" pour les prisonniers politiques et opposants, mais seul un prisonnier a été remis en liberté jusqu'alors.

A l'issue d'un "dialogue national" regroupant des membres de l'opposition et de la société civile, le gouvernement s'est engagé à interdire "la torture" dans les postes de police et "les arrestations des citoyens sans mandat d'un juge".

Les deux seuls partis d'opposition présents au dialogue ont refusé de signer le document final, en raison notamment de la "non application du décret d'amnistie".

Avec AFP