À l'ouverture du procès, la veille, Jean-Paul Gouzou, 69 ans, avait martelé avoir agi "pour la survie" des trois enfants du couple que la victime, Djeneba Bamia, se préparait à emmener en vacances au Mali avec son nouveau compagnon, également un éleveur de la région.
"Il légitime son acte comme une logique irréfutable face à l'absence de toute autre alternative pour sauver ses enfants (...) mais il n'envisage à aucun moment l'horreur de son geste", a souligné jeudi à la barre l'expert psychiatrique.
Sous les yeux de l'accusé, impassible, l'expert décrit une personnalité rigide, sous maîtrise constante, qui "répétera avec certitude" ses craintes face au "risque dans un pays en guerre civile et la pratique de l'excision", susceptible de menacer les deux filles.
Interrogé sur ce qu'il dira à ses enfants, l'accusé persiste : "Que j'ai fait une grosse bêtise (...) mais au moment où je l'ai faite, je l'ai faite pour eux ".
Les enfants - un garçon et deux filles aujourd'hui âgés de sept, cinq et quatre ans respectivement - "ne sont pas en capacité d'entendre ça", lâchera plus tard l'agent des services à l'enfance.
Cet ancien officier de réserve dans la gendarmerie avait lui-même appelé les gendarmes pour se livrer après avoir tué sa femme de trois coups de fusil en mars 2017 devant sa ferme à Gorses.
La psychologue retient quant à elle une personnalité qui a besoin de reconnaissance, lui ayant confié aimer ses enfants plus que leur mère.
Mais la déléguée départementale aux droits des femmes écarte l'argument : "Mon sentiment personnel est que nous sommes dans le cas d'un prédateur qui sait très bien choisir ses victimes", un homme "qui s'est offert une esclave domestique et sexuelle".
Dans un témoignage écrit cité mercredi par la cour, une fille d'un premier mariage avait décrit un homme "manipulateur, calculateur et impulsif", un père "à qui on doit obéir au doigt et à l'oeil".
Jean-Paul Gouzou rencontre la victime, technicienne vétérinaire, lors d'un voyage professionnel en 2006 au Mali. Le couple se marie en 2008.
En 2016, ils se séparent, sur fond "de violences psychologiques et de brimades", a rapporté pendant l'enquête une amie de la victime. Tout en dénonçant l'inertie des institutions, qu'elle avait tenté d'alerter, ne trouvant écoute qu'auprès de la déléguée aux droits des femmes.
En 2017 en France, 130 femmes ont été tuées par leur conjoint, ex-conjoint, petit ami, amant ou ex-amant, contre 123 en 2016, soit plus d'une tous les trois jours, selon les derniers chiffres du gouvernement.
Verdict vendredi.
Avec AFP