Les autorités américaines ont appelé lundi le Rwanda à "prendre des mesures" pour "examiner les lacunes" notées lors du procès de Paul Rusesabagina, l'homme qui avait inspiré le film "Hôtel Rwanda".
Une déclaration qui intervient après l'annonce d'une peine de 25 ans de prison pour M. Rusesabagina, 67 ans, sur fond d'accusation d'actes liés au terrorisme.
Dans un communiqué du porte-parole du département d'État, Ned Price, le gouvernement américain a déploré "l'absence de garanties d'un procès équitable, qui remet en question l'équité du verdict".
M. Rusesabagina, 67 ans, avait sauvé des Tutsis pendant le génocide de 1994 au Rwanda. Pour son acte humanitaire, il a reçu une médaille présidentielle aux États-Unis.
Le verdict de lundi le reconnaît coupable de neuf chefs d'accusation, dont la formation d'un groupe armé, l'appartenance à un groupe terroriste, le financement d'un groupe terroriste, le meurtre et l'enlèvement.
A l’origine, les autorités rwandaises lui reprochent, ainsi qu’à ses 20 co-accusés, des liens avec les Forces nationales de libération (FLN), une milice que le gouvernement rwandais accuse de terrorisme.
Selon le quotidien gouvernemental New Times, les procureurs avaient requis une peine de prison à vie pour M. Rusesabagina.
L’homme, qui continue de clamer son innocence, était absent à l’annonce du verdict, selon l’agence Associated Press.
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C’est en 1996 que M. Rusesabagina quitte le Rwanda. Devenu citoyen belge et détenteur d’une carte de résident permanent aux États-Unis, Paul Rusesabagina est arrêté en août 2020 au Rwanda dans des circonstances non élucidées.
Ses avocats parlent d’un kidnapping orchestré par les autorités de Kigali. Ces dernières affirment, au contraire, que M. Rusesabagina s’était rendu de lui-même en territoire rwandais.
"C'est la fin d'une histoire qui a été écrite bien avant même l'enlèvement de M. Rusesabagina", a déclaré à la VOA Kate Gibson, l'une des avocates de M. Rusesabagina, depuis Genève, en Suisse.
Le procès, a-t-elle ajouté, "n'a aucune conséquence" vu que, a-t-elle précisé, il a été conduit "en deçà des normes internationalement reconnues".
"Ce soi-disant procès ne comportait pas une véritable procédure contradictoire", a dénoncé Geoffrey Robertson, un avocat affilié à TrialWatch, une entité affiliée à la fondation de l’acteur et activiste américain George Clooney. "Toute condamnation qui en découle ne saurait être considérée comme crédible", a-t-il conclu.
Article traduit et adapté de l'anglais. Lire l'original >>