Une commission municipale avait recommandé de débaptiser une cinquantaine d'écoles et parcs de la ville portant le nom de figures historiques liées notamment au passé esclavagiste ou raciste des Etats-Unis, en plein débat national sur l'histoire douloureuse du pays.
Elle recommandait aussi de "renommer, retirer ou remettre en contexte" plusieurs monuments de la ville, dont le célèbre obélisque en l'honneur de George Washington, père de la Nation, le Mémorial Thomas Jefferson, l'un des auteurs de la Déclaration d'indépendance, ou une statue de Christophe Colomb.
Les premier et troisième présidents américains possédaient en effet des esclaves et le découvreur de l'Amérique est considéré par beaucoup comme un symbole de la colonisation violente du continent par les Européens.
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Mais la page concernant ces monuments, situés sur le territoire fédéral, avait été retirée mercredi matin.
La mairesse, Muriel Bowser, a demandé à la commission "de clarifier et de préciser ses recommandations pour se concentrer sur la ville, afin que personne ne tente de confondre l'objectif du groupe de travail (qui est) la mise en contexte et non le retrait des monuments et mémoriaux importants", a expliqué dans un communiqué sa porte-parole.
La Maison Blanche avait fustigé mardi soir des "recommandations grotesques" et la volonté de la maire démocrate de "démolir notre histoire et détruire notre grand patrimoine".
Dans son rapport, la commission indique que sa tâche est de "s'assurer que les points de vue publics et personnels" des personnalités ayant donné leur nom à ces monuments "n'aient pas contribué à l'histoire de la nation en matière d'esclavage, de racisme et autres biais".
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La liste comporte notamment le nom d'anciens présidents comme Woodrow Wilson, père fondateur de la Société des Nations (ancêtre de l'ONU) mais qui avait autorisé la ségrégation raciale au sein du gouvernement.
Elle compte aussi Alexander Graham Bell, inventeur du téléphone et partisan de l'eugénisme, et Francis Scott Key, auteur du poème "The Star-Spangled Banner" ("La Bannière étoilée") devenu l'hymne national américain, et qui défendait l'esclavage aux Etats-Unis.
David Farber, historien de l'Université du Kansas, a estimé que "peu de personnages historiques étaient sans failles profondes du point de vue moderne".
"Mais quelques-uns, comme Jefferson, Franklin et Washington, ont lutté pour une société meilleure, même s'ils ont souvent accepté et bénéficié des conventions effroyables de leur époque", a-t-il dit à l'AFP.