La menace judiciaire se précise pour Neymar

Neymar fête son but avec son coéquipier Lionel Messi, lors d'un match à Barcelone, Espagne, le 6 janvier 2016.

Deux ans de prison et dix millions d'euros d'amende: les choses se corsent pour Neymar après les réquisitions prononcées en Espagne à l'encontre de la star brésilienne, pour "corruption dans les affaires" dans le cadre de son transfert controversé du Santos au FC Barcelone.

Près de trois ans après son arrivée au Barça, le feuilleton de ce recrutement n'en finit pas de poursuivre le Brésilien. Le parquet a en effet requis à son encontre "deux ans de prison, une inhabilitation de trois ans pour l'exercice d'une profession industrielle ou commerciale et une amende de dix millions", selon les réquisitions consultées par une correspondante de l'AFP.

Tout part d'un mensonge: dans un premier temps, le Barça avait officiellement chiffré le transfert du joueur depuis le club brésilien de Santos à 57,1 millions d'euros: 40 millions pour la famille de Neymar, 17,1 pour Santos. Mais selon la justice espagnole, il a en réalité coûté au moins 83,3 millions.

Une partie de la somme aurait servi à réserver Neymar, pour qu'il n'examine pas d'offres concurrentes, d'où la "corruption" entre particuliers. Par ailleurs, il y aurait escroquerie en raison de la dissimulation du montant réel du transfert.

La justice espagnole enquête après une plainte de la société brésilienne DIS, détentrice à l'époque d'une partie des droits du footballeur, qui s'estime lésée. DIS, qui avait reçu 6,8 millions d'euros sur les 17,1 versés au Santos pour le transfert, estime que Neymar et le Barça se sont organisés pour lui cacher le montant réel et ainsi lui reverser moins d'argent.

En Espagne, les réquisitions du parquet sont rendues avant le renvoi devant un tribunal, que le juge en charge du dossier pourrait prononcer très rapidement.

Bartomeu épargné ?

Ce nouveau développement judiciaire risque d'enfoncer un peu plus Neymar, qui a signé un début de saison mitigé (seulement six buts en 14 matches officiels en club).

Mercredi soir, Neymar et le Barça affrontaient Celtic Glasgow en Ligue des champions (19h45 GMT). Et dans les prochains jours, il faudra voir si ce nouveau soubresaut extrasportif pénalise son rendement, alors que se profile le clasico de Liga face au Real Madrid le 3 décembre au Camp Nou.

En vertu des réquisitions du parquet, Sandro Rosell, ex-président du Barça (en fonction au moment du transfert), Odilio Rodrigues, ex-patron de Santos, risquent aussi des peines de prison pour avoir participé aux négociations.

Le juge d'instruction, qui avait classé l'affaire avant d'être contraint par sa hiérarchie à poursuivre la procédure, avait estimé que l'attaquant du Barça et ses parents devaient être jugés pour "corruption entre particuliers", au même titre que le club catalan, son actuel président Josep Maria Bartomeu et son prédécesseur Rosell.

A l'inverse, pour le parquet, Bartomeu ne doit pas être poursuivi, car bien qu'ayant signé certains contrats à l'époque en tant que vice-président, "sa participation active dans la négociation et l'élaboration de ceux-ci n'a pas été prouvée".

DIS veut interdire à Neymar de jouer

Pour Sandro Rosell, le parquet souhaite une peine de deux ans de prison et dix millions d'euros, et requiert de surcroît trois ans pour un délit d'escroquerie. En Espagne, les peines inférieures ou égales à deux ans sont rarement exécutées, sauf en cas de récidive.

Si le tribunal suit le parquet, Rosell pourrait vraiment faire un séjour un prison.

Le FC Barcelone, mais aussi le Santos FC, sont aussi dans le collimateur en tant que personnes morales et le parquet a requis des amendes contre eux. Est enfin demandée la condamnation des parents de Neymar: deux ans de prison pour Neymar Sr., le père, et un an pour Nadine Gonçalves, la mère, les deux risquant en plus une amende de 10 millions chacun.

Allant plus loin que le parquet, le fonds DIS, en tant que partie civile, a pour sa part réclamé mercredi cinq ans de prison pour Neymar et l'interdiction d'exercer la profession de footballeur au sein de l'Union européenne pendant la durée de son éventuelle condamnation.

Alors que l'attaquant brésilien vient de prolonger son contrat avec le Barça jusqu'en 2021, c'est le genre d'interdiction qui pourrait réveiller les appétits de certaines grosses écuries, notamment les clubs anglais dans la perspective d'une sortie britannique de l'UE...

Avec AFP