La mère et la soeur d'un ingénieur tué en Angola reçues à l'Elysée

Clemence Nayme, la soeur de Benoit Nayme, décédée à Cabinda, en Angola, en 2016, brandit son portrait auprès de sa mère Josiane Nayme, près des portes de l'Elysée lors d'une visite du président angolais, le 28 mai 2018.

La mère et la soeur de Benoît Nayme, un ingénieur français de 26 ans tué en Angola fin 2016, se sont entretenus lundi au téléphone avec le président français Emmanuel Macron, après avoir été reçues à l’Elysée par un conseiller du président.

"Le président nous a écoutées. C’était un entretien sincère qui nous a touchées", a déclaré à l’AFP Clémence Nayme, la sœur cadette du défunt, à l'issue de son échange avec le chef de l'Etat.

Clémence Nayme et sa mère Josiane, qui souhaitaient rencontrer le président angolais Joao Lourenço, en visite officielle en France, ont fait un sit-in devant l'Elysée, auquel elles ont mis fin en échange d'une rencontre à la mi-journée avec un conseiller présidentiel chargé de l'Afrique.

Elles devraient avoir dans l'après-midi un entretien téléphonique avec le président Macron.

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"Dans deux jours, cela fera 18 mois que mon frère a été assassiné. Et aujourd’hui, on n’a encore aucune réponse concrète. Ça commence à être long", a déploré cette étudiante en médecine. "On sait qu’en France cela avance du point de vue judiciaire, mais on aimerait que ça continue et que les choses prennent toute l’importance qu’elles ont à nos yeux".

Elle entend aussi "montrer à ces deux chefs d’Etat que (son) frère aimait l’Angola et les Angolais sur place. Il était très fier d’être Français et avait été porte-drapeau pour la France sur l’Arc de triomphe (...)", a-t-elle ajouté.

Le jeune ingénieur travaillait depuis 2014 en Angola au sein de l’entreprise française de chaudronnerie Friedlander (groupe Ortec), sous-traitante du pétrolier américain Chevron.

Il a été frappé à mort par des inconnus, dans la nuit du 30 novembre 2016, dans sa résidence située dans l'enclave de Cabinda, située à l'extrême nord de l'Angola, coincée entre le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo (RDC). Cette enclave produit environ 60% du pétrole de l'Angola.

Après la mise à l’écart de la thèse angolaise d’un cambriolage qui aurait mal tourné, l’enquête a été réorientée vers un homicide. En mars, une information judiciaire pour "homicide volontaire" a été ouverte en France.

La demande de la France d’une entraide pénale internationale ayant finalement été acceptée quelques semaines plus tard par les autorités angolaises, des policiers de l’Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) se rendront en Angola en juin.

"Parmi les hypothèses demandant à être vérifiées est évoquée l’éventuelle découverte d’une affaire de corruption par le jeune ingénieur envoyé comme chef de projet au Cabinda", a déclaré à l'AFP Me André Buffard, l'avocat de la famille.

Une nouvelle autopsie de Benoit Nayme, réalisée en octobre à la demande de la famille, après l’exhumation du corps, avait confirmé que des violents coups portés à la tête à l’aide d’une objet contondant étaient à l’origine du décès du jeune homme homme de 1,90 mètre, ex-champion de judo.

Avec AFP