Réuni d'urgence lundi après-midi à Washington, le conseil d'administration du FMI, l'organe de direction qui représente ses 189 Etats membres, lui a apporté un net soutien, exprimant sa "pleine confiance" dans sa capacité à assurer ses fonctions "efficacement" et louant son "incroyable leadership".
Reconnue coupable pour son rôle dans un scandale politico-financier de 2008, l'ancienne ministre française de l'Economie ne jouissait d'aucune immunité et aurait théoriquement pu être destituée par ce même conseil d'administration qui l'avait nommée en 2011 et l'a reconduite à l'unanimité en juillet dernier pour un second mandat de cinq ans.
Mais elle a pu compter une nouvelle fois sur les principaux Etats membres de l'institution qui lui ont invariablement apporté leur soutien tout au long d'une procédure sinueuse de plus de cinq ans.
De fait, Mme Lagarde jouit d'une forte cote de popularité au sein du FMI, dont elle a pris les rênes après la démission forcée de Dominique Strauss-Kahn en 2011, accusé d'agression sexuelle dans un hôtel new-yorkais.
Elle a su faire taire les sceptiques tout en ouvrant davantage le FMI aux pays émergents et à de nouvelles thématiques (inégalités sociales, changement climatique...).
"Elle a fait du très bon travail sur l'image du FMI en tant qu'institution, en lui garantissant une voix au chapitre, en s'impliquant dans la crise européenne et plus généralement en préservant l'utilité du FMI", assure à l'AFP Desmond Lachman, un ancien cadre de l'institution.
Lundi, le gouvernement français, pourtant d'un bord politique différent du sien, lui a très vite apporté "toute sa confiance" après le jugement de Paris, en estimant qu'elle assurait son mandat au FMI "avec succès".
Premiers actionnaires du FMI, les Etats-Unis ont également rendu hommage à une "dirigeante solide". "Nous avons toute confiance dans sa capacité à guider le Fonds dans un moment crucial pour l'économie mondiale", a souligné le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew.
- Réputation -
D'autres raisons plus politiques ont pu conduire les grandes puissances à préférer le statu quo à la tête d'une institution impliquée dans de difficiles plans de sauvetage financiers en Grèce, en Ukraine, en Egypte ou en Irak.
A un mois de l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, peu de chancelleries semblent prêtes à provoquer une révolution de palais au FMI et à donner la chance à la prochaine administration américaine de placer un des siens à la tête de l'institution.
Malgré ces marques appuyées de soutien, cette nouvelle péripétie risque par ailleurs de ternir à nouveau l'image d'une institution qui demande la plus grande discipline aux Etats qu'elle renfloue mais semble être victime d'une malédiction avec ses directeurs généraux.
Le prédécesseur de M. Strauss-Kahn à la tête du FMI, l'Espagnol Rodrigo Rato, est ainsi actuellement poursuivi en Espagne pour détournement de fonds quand il était banquier.
"Il y a très clairement une question de crédibilité pour le FMI", assure M. Lachman.
Le FMI n'a pas vraiment besoin de ça, lui qui est souvent accusé d'imposer des cures d'austérité drastiques et qui est souvent brocardé à Athènes ou en Amérique du Sud.
Selon Peter Doyle, un ancien cadre du FMI qui en a claqué la porte en 2014, cette succession de scandales doit conduire "à adopter un processus rigoureux" pour désigner le patron du FMI.
Aux termes d'une règle non-écrite, les Européens désignent le patron du FMI tandis que les Américains se réservent la présidence de la Banque mondiale.
Avec AFP