Depuis deux semaines, une vague de manifestations en soutien aux Palestiniens de Gaza déferle sur les campus américains où la police est intervenue à plusieurs reprises pour déloger les protestataires. A UCLA, des dizaines de manifestants ont été interpellés un par un, menottés puis escortés à l'issue d'un face à face tendu avec les policiers, rapporte un journaliste de l'AFP sur les lieux.
Pendant plusieurs heures, des centaines de membres des forces de l'ordre en tenue anti-émeute ont fait face aux étudiants portant des parapluies ou des casques blancs et formant une ligne, accrochés les uns les autres par les bras.
En même temps, les policiers ont démonté méthodiquement les palettes de bois et panneaux de contreplaqué d'une barricade entourant le camp et ont défait les tentes des manifestants, dont bon nombre portaient des keffiehs. "Libérez la Palestine", pouvait-on entendre. La nuit précédente, des affrontements avaient éclaté sur ce campus quand des contre-manifestants, pour beaucoup masqués, avait attaqué le campement pro-Palestinien.
Les assaillants avaient tenté d'enfoncer une barricade. Manifestants et contre-manifestants s'étaient ensuite affrontés à coups de bâtons et s'étaient envoyé des projectiles. Graeme Blair, professeur de sciences politiques à l'UCLA, regrette jeudi une crise "ô combien inutile".
"L'université et les autorités avaient l'occasion d'une désescalade. Ils ont envoyé la police très tardivement contre les extrémistes la nuit dernière (lors de l'attaque des contre-manifestants, NDLR) et maintenant ils s'en prennent aux étudiants participant à une manifestation pacifique", confie-t-il à l'AFP.
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"Peur des étudiants juifs"
Le président de l'UCLA Gene D. Block avait mis en garde avant ces violences contre la présence de personnes extérieures au campus. Les incidents survenus "ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur", a-t-il ajouté. A l'université du Texas à Dallas, la police a évacué mercredi un campement de manifestants et, selon cet établissement, a arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle".
Les forces de l'ordre avaient appréhendé le même jour plusieurs personnes à la Fordham University de New York et démantelé un campement, selon des responsables. Toujours mercredi, environ 300 personnes ont été interpellées à New York sur deux sites universitaires, selon la police.
Dans la nuit de mardi à mercredi, les policiers avaient déjà délogé sans ménagement des manifestants pro-palestiniens barricadés dans la prestigieuse université Columbia à Manhattan, épicentre de la mobilisation estudiantine.
"Je regrette que nous en soyons arrivés là", a réagi mercredi Minouche Shafik, la présidente de l'université. Les manifestants se battent "pour une cause importante" mais les récents "actes de destruction" auxquels se sont livré "des étudiants et des militants extérieurs" l'ont conduite à recourir aux forces de l'ordre, a-t-elle expliqué, dénonçant par ailleurs "des propos antisémites" proférés au cours des rassemblements.
D'autres campements avaient aussi été démantelés mercredi à l'Université de l'Arizona à Tucson et à l'Université de Wisconsin-Madison, respectivement dans le sud-ouest et le nord des Etats-Unis, selon des médias locaux.
Biden quasi muet
Depuis 15 jours, les actions en soutien à Gaza se multiplient à travers le territoire américain, de la Californie aux grandes universités du nord-est, rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.
Une mobilisation qui dépasse les frontières des Etats-Unis avec des rassemblements pro-Palestiniens en France, en particulier sur des sites de la prestigieuse école Sciences Po.
Les étudiants américains appellent les universités à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël et dénoncent l'appui de Washington à son allié israélien.
A rebours d'autres institutions, l'université Brown dans l'Etat de Rhode Island s'est accordé avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel "désinvestissement" de "sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza".
Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus ont fait le tour de la planète et suscité une vive réaction d'Israël.
Son président Isaac Herzog a dénoncé jeudi la "terrifiante résurgence de l'antisémitisme" dans le monde, et notamment aux Etats-Unis, où "des universités réputées, foyers d'histoire de culture et d'éducation" sont "contaminées par la haine et l'antisémitisme".
A six mois de la présidentielle dans des Etats-Unis polarisés, le président démocrate Joe Biden reste quasi silencieux ou presque face à ce sujet susceptible de plomber sa campagne.
Ce que n'a pas manqué de relever son rival républicain Donald Trump. "Où est Joe-la-Crapule?, a-t-il lancé jeudi sur son réseau Truth Social". "Le danger pour notre pays vient de la gauche, pas de la droite!!!".