La police tchadienne encercle le domicile de l'opposant Saleh Kebzabo

Des éléments du Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP) déployés au siège du parti UNDR à N'Djamena, le 31 octobre 2020.

Les sièges des principaux partis politiques de l’opposition tchadienne qui ont boycotté le forum national inclusif sont quadrillés depuis vendredi par la police.

Les leaders de ces partis et ceux des organisations de la société civile qui entendaient organiser un forum citoyen dans les jours à venir sont filés par les services de sécurité, a-t-on appris de source bien informée.

Le domicile de Saleh Kebzabo, leader de l'UNDR et un des principaux opposants au président tchadien Idriss Déby, a été encerclé samedi par la police à N'Djamena, au nom de "l'état d'urgence" qui limite les rassemblements, officiellement en raison de la pandémie du coronavirus.

On apprend également que d'autres qui ont tenté de se réunir dans leurs quartiers généraux ont été contraints de vider les lieux. C'est le cas du PLD de Ibni Oumar Mahamat Saleh et du parti Les Transformateurs de Succès Masra.

"La police a tout bouclé avec plusieurs véhicules (...) depuis ce matin" a indiqué M. Kebzabo, arrivé en deuxième position à l'élection présidentielle de 2016, précisant ne pas avoir tenté de sortir de son domicile, avec le "risque" de ne pouvoir rentrer.

Ce déploiement policier a lieu alors que N'Djamena accueille depuis jeudi un forum sur les réformes institutionnelles boycotté par l'opposition, qui rassemble 600 participants, dont des partis politiques de la majorité présidentielle.

Les discussions portent notamment sur la création d'un Sénat et d'un poste de vice-président.

"Nous avions prévu d'organiser un contre-forum dans les prochains jours et la police a pris des dispositions pour boucler le lieu où il devait se tenir", a précisé M. Kebzabo.

Les partis d'opposition voulaient organiser un contre-forum le 12 novembre, mais les autorités en ont interdit la tenue.

Depuis vendredi, toutes les réunions des partis d'opposition sont interdites, officiellement pour faire respecter la limitation des rassemblements à 50 personnes pour lutter contre la propagation du coronavirus.

"C'est en application de l'arrêté portant réglementation des attroupements de personnes pendant l'état d'urgence que les réunions à domicile privé et sur la voie publique sont interdits", a indiqué le colonel Paul Manga, porte-parole de la police, pour justifier le dispositif policier devant le domicile de M. Kebzabo.

Deux véhicules de police ont également été déployés devant le domicile de Succès Masra, leader du parti d'opposition Le Transformateur.