La poussée populiste dans le monde

Le président élu Donald Trump se serre la main avec le vice-président élu Mike Pence au moment du discours d'acceptation au cours de la nuit électorale, à New York, 9 novembre 2016.

Conquête du pouvoir aux Etats-Unis, aux Philippines, en Pologne, en Hongrie, victoire du Brexit, poussée électorale en Allemagne, en Autriche ou en France: tour d'horizon de la vague populiste dans le monde.

- Le séisme Trump -

L'élection mercredi à la présidence des Etats-Unis de Donald Trump, 70 ans, a provoqué un séisme. Sans expérience politique, le milliardaire républicain a promis de "rendre à l'Amérique sa grandeur", jouant sur les peurs des Américains blancs laissés-pour-compte de la mondialisation (immigration, réfugiés, libre-échange...). Durant la campagne, il a insulté les femmes, les musulmans, les Hispaniques et s'est aliéné les Noirs.

- Duterte aux Philippines -

Réputé pour ses déclarations grossières et à l'emporte-pièce, l'avocat de 71 ans Rodrigo Duterte, élu le 9 mai au terme d'une campagne populiste et sécuritaire, a pris le 30 juin ses fonctions de président des Philippines.

Il a qualifié de "fils de pute" le pape comme le président américain Barack Obama. Sa "guerre contre la drogue" a fait plus de 3.700 morts en quatre mois. Il se dit socialiste et affiche sa détestation des Etats-Unis, allié historique avec lequel il a annoncé fin octobre une "séparation" au profit d'une alliance avec la Chine avant de tempérer ses propos.

- Victoire du Brexit -

Les Britanniques se sont prononcés par référendum le 23 juin en faveur du Brexit à 52%, un vote surprise auquel Donald Trump s'était lui-même référé en promettant juste avant d'être élu un "Brexit puissance trois".

Après une violente campagne marquée par l'assassinat en juin de la députée travailliste europhile Jo Cox, le Conseil de l'Europe s'est inquiété en octobre de la "montée du discours de haine et de la violence raciste" au Royaume-Uni.

L'un des champions du Brexit, le chef populiste du parti europhobe et anti-immigration Ukip Nigel Farage, a salué mercredi le résultat de la présidentielle américaine. "Je passe le relais à Donald Trump", a-t-il affirmé.

- Au pouvoir en Hongrie et Pologne -

En Hongrie, le Premier ministre souverainiste Viktor Orban, président du Fidesz (conservateur), au pouvoir depuis 2010 a amplifié depuis deux ans sa campagne aux accents xénophobes contre l'immigration extra-européenne. Il a toutefois échoué mardi à faire inscrire dans la Constitution sa politique hostile aux migrants mais sa rhétorique profite au Jobbik (extrême droite) de Gabor Vona qui ambitionne de détrôner le Fidesz aux législatives de 2018.

En Pologne, le parti conservateur et eurosceptique Droit et Justice (PiS) est revenu au pouvoir fin 2015. Son chef Jaroslaw Kaczynski a mis en garde contre les "parasites" des réfugiés. Un bras de fer oppose depuis juillet le gouvernement à Bruxelles sur l'indépendance du pouvoir judiciaire.

- Ailleurs en Europe -

En Autriche, le Parti de la liberté (FPÖ), l'un des partis d'extrême droite les mieux implantés en Europe, a échoué de peu à gagner la présidentielle le 22 mai, ce qui aurait été une première dans l'UE. Les deux grands partis au pouvoir depuis 1945 avaient été éliminés d'entrée. Le FPÖ a obtenu l'annulation du scrutin et une nouvelle élection se tiendra le 4 décembre.

En Allemagne, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD, populiste de droite) engrange des succès électoraux, entrant notamment au parlement local à Berlin. Capitalisant sur l'inquiétude après l'arrivée de 1,1 million de réfugiés en 2015, le parti est présent dans dix des 16 Länder et tourne autour des 12% d'intentions de vote. Il pourrait entrer l'an prochain au Parlement fédéral, ce qui serait une première pour un parti de droite populiste depuis l'après-guerre en Allemagne.

En France, le Front National (FN, extrême droite) a remporté des succès électoraux depuis 2012 et sa présidente, Marine Le Pen, devrait être présente au second tour de l'élection présidentielle au printemps prochain selon les sondages. Elle s'est précipitée mercredi pour féliciter Trump, avant même la confirmation de son succès. La présidente du FN compare le flux de migrants à une "invasion" et veut un référendum sur la sortie de l'UE.

Avec AFP