Paralysé pendant trois mois par la pandémie de Covid-19, le Championnat d'Angleterre a redémarré mercredi en fin d'après-midi avec Aston Villa - Sheffield United, l'un des deux matches en retard de la 28e journée à l'affiche de ce jour de reprise.
Mais l'image qui restera de ce match à huis clos, conclu sur un match nul et vierge dans un stade de Villa Park sonnant creux en l'absence de spectateurs, ne sera pas une action spectaculaire ou un fait de jeu.
Ce que l'on retiendra, ce sont les genoux à terre, non seulement des joueurs mais aussi des arbitres, entraîneurs et remplaçants, en signe de protestation antiraciste et d'hommage à George Floyd, un quadragénaire noir américain mort étouffé par le genou d'un policier lors d'un contrôle le 25 mai à Minneapolis (Etats-Unis).
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Cette mise en scène s'est répétée quelques heures plus tard avant le coup d'envoi du second match en retard entre Manchester City et Arsenal (3-0).
"La Premier League a franchi une étape énorme en permettant à quelque chose comme ça de se produire", a déclaré Raheem Sterling, international anglais d'origine jamaïcaine de Manchester City et engagé de longue date contre le racisme.
"Cela montre que nous allons dans la bonne direction", a poursuivi l'attaquant des Citizens.
Sterling avait estimé mardi dans un entretien à Sky Sport qu'il était "temps d'agir" contre le racisme.
Sous la pression, la Premier League a décidé que les joueurs porteraient pendant les deux matches de mardi soir, et également ceux de la 30e journée au programme ce week-end, l'inscription "Black Lives Matter" ("La vie des Noirs compte") au dos de leur maillot, en lieu et place des noms des joueurs.
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"Maintenant que (la Premier League) leur a donné (aux joueurs) autant de pouvoir, elle ne pourra plus jamais revenir en arrière et a montré de quel côté de l'histoire elle voulait être", a estimé Ian Wright, l'ancien attaquant d'Arsenal et de l'équipe d'Angleterre.
Un autre footballeur anglais de renom, Marcus Rashford, de Manchester United, a lui aussi profité de son image et de sa position sociale pour défendre une autre cause.
Il s'est élevé mardi, dans une tribune au quotidien conservateur The Times, contre le choix du gouvernement de supprimer pendant les vacances scolaires estivales un programme permettant aux familles modestes de recevoir des bons d'achats alimentaires de 15 livres (16,70 euros) par enfant et par semaine.
Sous la pression de ce footballeur très populaire, le Premier ministre conservateur Boris Johnson a dû faire machine arrière.
"Il devient plus normal que les gens s'expriment sur des sujets auxquels ils croient, et je pense que c'est tout simplement positif pour l'avenir", a déclaré Sterling, jeune attaquant de 22 ans originaire de Saint-Kitts-et-Nevis, petit Etat des Antilles.
"Aujourd'hui, les joueurs utilisent leur voix pour des causes sociales, au risque qu'on leur demande de se contenter de jouer au football", a-t-il poursuivi.
Mais l'un ne va pas forcément sans l'autre: sur le terrain, Sterling fait aussi parler de lui, comme le prouve son but, celui de l'ouverture du score pour Manchester City contre les Gunners mercredi soir.