La production d'opium bat son record en Afghanistan

Les cultivateurs récoltent l'opium brut dans un champ dans le district de Zhari, dans la province de Kandahar, Afghanistan, 11 avril 2016

Les cultivateurs d'opium d'Afghanistan ont enregistré une récolte exceptionnelle cette année avec une production en hausse de 87% grâce à un record de surfaces cultivées, selon un rapport rendu public mercredi.

La valeur de l'opium produit par les fermiers a atteint près de 1,4 milliard de dollars, en hausse de 55%, selon cette étude annuelle de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), une manne qui contribue à financer l'insurrection qui déstabilise le pays.

Une évolution à mettre essentiellement au compte de l'insécurité croissante, du manque de contrôle par les autorités, de la corruption ainsi que du manque de perspectives en termes d'emploi et d'éducation, selon ce rapport, compilé par l'agence onusienne et par le ministère afghan de lutte contre la drogue.

La production potentielle d'opium est estimée à quelque 9.000 tonnes cette année, soit presque le double de l'année dernière (4.800 tonnes).

Les surfaces cultivées ont progressé de 63% au niveau record de 328.000 hectares dans 24 provinces, bien loin du précédent record de 224.000 hectares en 2014 et les rendements sont également en hausse. Seules 10 provinces sont désormais considérées comme ne cultivant pas l'opium.

"Les niveaux importants de culture du pavot à opium et le trafic illégal d'opiacés vont probablement renforcer l'instabilité, (favoriser) l'insurrection et accroître les financements dont bénéficient les groupes terroristes en Afghanistan", met en garde le rapport.

"Davantage d'héroïne de bonne qualité et à bas coût va parvenir sur les marchés mondiaux, avec pour probable conséquence une hausse de la consommation et des dommages qui lui sont liés", souligne l'étude.

Presque toutes les principales provinces productrices de pavot ont enregistré de fortes hausses des surfaces cultivées, notamment le Helmand (sud), avec +79%.

Environ 60% de la culture du pavot a lieu dans les provinces méridionales du pays, où les talibans sont bien implantés et où presque aucune campagne d'éradication n'a eu lieu.

Le Helmand reste la première province productrice avec 44% du total, suivie par Kandahar, Badghis, Faryab, Uruzgan et Nangarhar.

L'éradication du pavot enregistre elle aussi des progrès à 750 hectares dans 14 provinces (contre 355 ha dans 7 provinces en 2016), mais demeure faible au regard de l'accroissement des surfaces cultivées.

Les donateurs internationaux ont dépensé des milliards de dollars en campagnes anti-drogues en Afghanistan au cours des dix dernières années, tentant de convaincre les agriculteurs de se tourner vers d'autres cultures comme le safran, mais ces efforts n'ont donné que peu de résultats.

Le nombre de toxicomanes est parallèlement en forte hausse en Afghanistan, alors qu'il était négligeable du temps du régime taliban (1996-2001).

L'extension de la culture du pavot est également liée à un moindre soutien de la communauté internationale, qui se traduit par un recul des opportunités socio-économiques dans les zones rurales, selon le rapport.

Les progrès de l'agriculture, notamment l'utilisation de systèmes d'irrigation par panneaux solaires, les fertilisants et les pesticides, pourraient en outre avoir rendu la production d'opium rentable même dans des zones désertiques, contribuant à de meilleurs rendements, souligne le texte.

Les talibans et le groupe djihadiste Etat islamique ont multiplié leurs attaques ces dernières semaines sur les forces de l'ordre, les lieux de culte et une chaîne de télévision en une démonstration de force au moment où les Etats-Unis renforcent leur présence militaire dans le pays.

Avec AFP