Dans une interview exclusive accordée à Bagassi Koura, l’envoyé spécial de la VOA en Centrafrique, le ministre des Mines Joseph Agbo demande l’allègement voire la levée de l’embargo sur l’exportation du diamant centrafricain.
La RCA a été suspendue de Kimberley (un mécanisme mis en place pour contrôler le diamant des zones de guerre) en mai 2013, en raison de la guerre civile dans ce pays.
« On comprend le mobile qui avait présidé à cet embargo sur l’exportation de nos diamants, » explique le ministre Agbo, rappelant que la RCA est l’un des pays fondateurs du processus de Kimberley.
« Seulement nous disons aujourd’hui que loin de nuire a ceux qui sont venus perturber l’exploitation de nos diamants, cet embargo a vraiment eu des effets très pervers notamment sur les intervenants du secteur, » déplore t-il.
Il explique qu’ « en temps normal c’est un secteur qui représente quand même à peu près 20% des recettes du budget de l’Etat et 51% des recettes à l’exportation de la république centrafricaine ».
La crise socio-politique que traverse le pays depuis deux ans a énormément perturbé le secteur du diamant.
« Mais cette conséquence a été aggravée par la suspension du pays du processus de Kimberley, » dit-il.
Selon le ministre, la principale conséquence de l’imposition de l’embargo, c’est la multiplication des réseaux d’exportation illégale.
Les bureaux d’achat n’exportant plus, les collecteurs s’investissent dans la fraude, dit-il.
« Et donc la suspension du processus a eu pour effet d’entrainer le plus gros lot de nos collecteurs vers la fraude ».
D’autant plus que sur le terrain, les groupes armés, (essentiellement les Anti-Balaka et les Seleka) se sont emparés des mines du pays, qu’ils exploitent. Les produits sont exportés à l’étranger à travers les pays voisins comme l’explique Vianney Victorien Koyandakpa, un exécuteur évaluateur en diamants et or.
« L’Etat est entrain de perdre beaucoup d’argent avec des trafiquants qui sortent illicitement avec des diamants qui sont exploitées dans ces zones minières qui sortent par le Cameroun et par le Tchad ».
Pour le ministre des Mines, les conséquences de l’embargo sur le fonctionnement du gouvernement sont énormes.
« Comment voulez-vous que l’Etat aujourd’hui puisse assurer les charges régaliennes, par exemple, les paiements de salaires, ou bien entretenir les hôpitaux si cet argent-là lui manque ?
Pour lui, maintenir l’embargo, c’est « ajouter du malheur au malheur ».
Le gouvernement centrafricain espère que le déploiement le 15 septembre derniers des Casques Bleus des Nations unies, va permettre la reprise en main des mines.
« Je suis content d’apprendre par exemple que dans leur programme, Bria par exemple, sera une zone militaire. Ca sécurise quand même cette zone qui est réputée être une zone de production de diamant ».