La République autoproclamée du Somaliland vote pour élire son président

Une femme dépose son vote à Hargeisa, Somaliland, le 13 novembre 2017.

Les électeurs de la République autoproclamée du Somaliland ont voté lundi pour élire leur président, avec l'espoir que cette troisième élection démocratique depuis la déclaration d'indépendance du reste de la Somalie en 1991 renforcera leur quête de reconnaissance internationale.

Les responsables ont commencé le dépouillement des bulletins de vote après la clôture du scrutin vers 18h00 (15h00 GMT). Un blocage des réseaux sociaux a été décidé par la Commission électorale afin d'éviter toute ingérence extérieure et toute spéculation sur les résultats.

"La plupart des bureaux de vote sont fermés désormais et l'internet est bloqué à la suite des consignes de la Commission électorale. Dans toutes les régions du Somaliland, on ne peut utiliser les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter", a déclaré un responsable de la sécurité, Mohamed Dahir.

Situé dans le nord de la Somalie, ce territoire se distingue du reste du pays par sa stabilité et une composition clanique plus homogène.

Mais le Somaliland n'est officiellement reconnu par aucun pays et est toujours considéré par la communauté internationale comme partie intégrante de la Somalie.

Trois hommes sont en lice pour présider aux destinées de cette petite "république" semi-désertique de près de 4 millions d'habitants: Muse Bihi (parti au pouvoir Kulmiye) et les candidats d'opposition Abdirahman Iro et Feysal Ali Warabe, candidat malheureux à la précédente présidentielle de 2010. Le sortant, Ahmed Mohamud Silaanyo, a décidé de ne pas se représenter.

Aucun incident n'a été signalé lors du vote qui s'est déroulé pendant une journée.

"Le vote a débuté dans le calme ce (lundi) matin et nous sommes confiants que cette élection va constituer une étape importante pour le reste de la région", a déclaré M. Iro.

Les élections sont censées se dérouler tous les cinq ans, mais la sécheresse et des contingences techniques avaient conduit à un report de deux ans du scrutin.

Malgré ce contretemps, la présidentielle de lundi contraste par bien des aspects avec le "processus électoral" qui s'est déroulé en Somalie fin 2016-début 2017: le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, dit "Farmajo", avait été élu par un collège de délégués choisis parmi les différents clans du pays.

Au Somaliland, le scrutin est universel et les 700.000 électeurs inscrits sont identifiés dans les bureaux de vote par un système de reconnaissance biométrique de l'iris de l'oeil.

Frein au développement

En amont de l'élection, les trois candidats ont participé à un débat télévisé pour présenter leurs programmes, mettant l'accent sur l'économie et la reconnaissance internationale de la "république".

"C'est vraiment une élection clé (...) pour la jeunesse. Elle a besoin d'un dirigeant qui développe l'économie et crée des emplois afin que tout le monde reste dans le pays pour y faire sa vie", a déclaré un étudiant, Ismail Mohamed.

Ancienne Somalie britannique, le Somaliland a fusionné avec l'ancienne Somalie italienne à l'indépendance du pays en 1960. Puis il a fait sécession et s'est autoproclamé indépendant en 1991, après la chute de l'autocrate Siad Barre qui allait plonger la Somalie dans la guerre clanique et précipiter l'effondrement de l'Etat somalien.

Les autorités expriment régulièrement leur amertume face à la non-reconnaissance internationale qui freine le développement du pays. Le Somaliland ne peut accéder aux prêts de la Banque mondiale ou du FMI, indispensables pour développer des infrastructures.

Mais le territoire parvient tout de même à attirer des investissements étrangers, notamment des pays du Golfe: le Koweït a financé la rénovation de l'aéroport de la capitale, Hargeisa, et la société Dubaï Ports World avait été retenue en mai 2016 pour l'extension du port de Berbera dans l'espoir de concurrencer Djibouti pour le transit des conteneurs à destination de l'Ethiopie.

Avec AFP