La Russie va expulser quatre diplomates allemands en réponse à la décision de Berlin de renvoyer chez eux quatre agents de la mission russe en Allemagne dans le cadre de l'affaire Skripal.
"Cette décision de Moscou n'est pas une surprise", a déclaré le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, cité dans un communiqué.
L'ambassadeur allemand à Moscou avait, comme plusieurs de ses homologues de pays de l'Union européenne, été convoqué pour être informé de la décision.
L'Allemagne avait participé comme une vingtaine d'autres pays à une vaste action de représailles diplomatiques contre Moscou, soupçonné d'être impliqué dans l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille en Grande-Bretagne.
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"Nous n'avions pas pris notre décision de renvoyer des diplomates russes à la légère", a expliqué le ministre social-démocrate.
Il s'agissait "d'un signal politique nécessaire et approprié" en solidarité avec Londres et en raison d'une absence de coopération de Moscou dans l'éclaircissement de l'affaire, a jugé M. Maas. Berlin reste toutefois ouvert au dialogue avec la Russie, selon le communiqué.
La Russie va également expulser quatre diplomates français.
"La décision prise aujourd'hui par la Russie d'expulser quatre membres de l'ambassade de France en Russie ne nous a pas surpris. Nous ne pouvons que la regretter, et rappeler qu'à ce jour, la Russie a refusé d'apporter les éléments d'explications attendus s'agissant de l'attaque de Salisbury", dans le sud-ouest de l'Angleterre, a indiqué le Quai d'Orsay dans un communiqué.
Quatre diplomates canadiens seront aussi expulsés.
"Nous pouvons confirmer que quatre diplomates canadiens ont été déclarés personne non grata par le gouvernement russe", a expliqué Adam Austen, porte-parole de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland.
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Au total vingt-six pays, dont les Etats-Unis et 18 membres de l'Union européenne, ont décrété plus de 120 expulsions de diplomates russes à la suite de l'empoisonnement de l'ex-espion russe.
Les ambassadeurs de 23 pays parmi lesquels la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, le Canada et la Pologne ont été convoqués au ministère russe des Affaires étrangères, où ils se sont vus notifier les mesures d'expulsion prises à leur encontre de leurs diplomates.
"Il leur a été remis une note disant qu'en protestation aux accusations déraisonnables et aux expulsions de diplomates russes (...), la Russie déclare personae non gratae le nombre correspondant d'employés diplomatiques", a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Concrètement, Moscou répond à l'identique, en expulsant le même nombre de diplomates que chaque pays a expulsé de diplomates russes. Quatre diplomates de l'Allemagne et de la Pologne devront par exemple quitter la Russie.
Treize diplomates ukrainiens devront également quitter Moscou, un nombre identique au nombre de Russes qui avaient été contraints de quitter Kiev cette semaine.
Seuls quatre pays ayant annoncé des mesures contre la Russie échappent pour l'instant à ces représailles. "Compte tenu du fait que la Belgique, la Hongrie, la Géorgie et le Monténégro ont décidé au dernier moment de rejoindre ce mouvement, la Russie se réserve le droit de prendre des mesures" à l'avenir, a néanmoins déclaré le ministère dans son communiqué.
Moscou a aussi décidé de nouvelles mesures contre la Grande-Bretagne, donnant un mois à Londres pour réduire son personnel diplomatique en Russie et l'amener au même niveau que celui des missions diplomatiques russes au Royaume-Uni.
Le 17 mars, Moscou avait déjà annoncé l'expulsion de 23 diplomates britanniques et ordonné la fermeture du British Council et du consulat britannique de Saint-Pétersbourg.
Vendredi, la Russie s'est défendue d'être responsable de cette "guerre diplomatique" qui s'envenime. "Ce n'est pas la Russie qui a initié un échange de sanctions ou un échange d'expulsion de diplomates", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
'Actes inamicaux'
Les Etats-Unis avaient été le premier pays à apprendre, jeudi soir, l'expulsion de 60 de leurs diplomates en réponse aux mesures équivalentes prises par Washington après l'empoisonnement le 4 mars au Royaume-Uni d'un ex-agent double russe, Sergueï Skripal, et de sa fille Ioulia.
L'hôpital où est soignée Ioulia Skripal a indiqué que son état s'améliore rapidement, tandis que son père reste dans un état critique mais stable.
Londres impute à la Russie cet empoisonnement via un agent neurotoxique, malgré de multiples démentis de Moscou, qui clame son innocence.
Les 60 diplomates américains expulsés "ont été déclarés +personae non gratae+ pour activités incompatibles avec leur statut diplomatique" et ont une semaine pour quitter le pays, selon le ministère russe des Affaires étrangères, qui a également ordonné la fermeture d'ici samedi du consulat général des Etats-Unis à Saint-Pétersbourg (nord-ouest).
"Il n'y a aucune justification à la réaction russe", a aussitôt déploré la porte-parole du département d'Etat américain, Heather Nauert, en assurant que les Etats-Unis se réservaient "le droit d'y répondre" en examinant différentes options.
"Nous ne sommes pas d'accord avec cette appréciation", a réagi M. Peskov: "La Russie a été obligée de prendre des mesures de rétorsion en réponse aux actes inamicaux et illégitimes" de Washington, a-t-il souligné.
Le président russe Vladimir Poutine "reste partisan du développement de bonnes relations avec tous les pays, y compris les Etats-Unis", a assuré M. Peskov.
Mesures identiques
Au total, dans le cadre de mesures de rétorsion sans précédent coordonnées entre Occidentaux, plus de 140 diplomates russes en Europe, en Amérique du Nord, en Ukraine ou en Australie doivent être expulsés.
"Pour rétablir la vérité", la Russie a également demandé la convocation d'une "session extraordinaire" du Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), selon M. Lavrov, qui a appelé jeudi les Occidentaux à avoir "une conversation honnête" avec les Russes sur l'empoisonnement de Skripal et de sa fille.
"La Russie souhaite une enquête objective et impartiale", a expliqué vendredi Dmitri Peskov, en réaffirmant que Moscou "n'est catégoriquement pas d'accord avec les accusations l'impliquant dans cet incident".
A Saint-Pétersbourg, ancienne capitale impériale russe, l'évacuation des meubles et des cartons était en cours vendredi au consulat général des Etats-Unis, à la veille prévue de sa fermeture, a constaté une journaliste de l'AFP.
Avec AFP