La situation des droits humains reste "désestreuse" en Erythrée, selon l'ONU

ARCHIVES - Des taxis circulent dans une rue d'Asmara, la capitale érythréenne, le 20 juillet 2018.

La situation des droits humains en Erythrée demeure "désastreuse" et ne montre "aucun signe d'amélioration", a déploré lundi l'ONU, évoquant notamment des cas de tortures et de disparitions forcées commis en "totale impunité".

L'un des pays les plus fermés et autoritaires au monde, l'Erythrée est dirigé d'une main de fer depuis son indépendance de l'Ethiopie en 1993 par le président Issaias Afeworki.

"La situation des droits humains en Erythrée reste désastreuse et ne montre aucun signe d'amélioration. Elle continue d'être caractérisée par de graves violations des droits humains", selon un rapport présenté lundi par la Haute commissaire adjointe au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Nada Al-Nashif.

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L'ONU continue également "de recevoir des informations crédibles" faisant notamment état de "tortures", de "conditions de détention inhumaines" ou bien encore de "disparitions forcées".

"Il est alarmant que toutes ces violations des droits humains soient commises en totale impunité", poursuit le rapport, pointant également du doigt le "manque de coopération" des autorités d'Asmara. Le pays de la Corne de l'Afrique a une politique de conscription universelle à durée illimitée, qui s'est intensifiée "à la suite du conflit au Tigré", dans le nord de l'Ethiopie.

Les troupes érythréennes ont soutenu les forces gouvernementales éthiopiennes dans leur offensive lancée en novembre 2020 contre celles des autorités rebelles de la région du Tigré, au nord de l'Ethiopie, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), ennemi juré du régime d'Asmara.

Les Etats-Unis et des organisations de défense des droits humains les ont accusées d'avoir commis des atrocités durant le conflit, notamment le massacre de centaines de civils, notamment dans la ville d'Aksoum ou le village de Dengolat.

Le bilan précis de ce conflit jalonné d'exactions, qui s'est déroulé largement à huis clos, est inconnu. L'envoyé de l'Union africaine pour la Corne de l'Afrique, Olusegun Obasanjo, a déclaré mi-janvier que jusqu'à 600.000 personnes auraient été tuées.

Lors d'une rare conférence de presse donnée à Nairobi au côté de son homologue kényan William Ruto, Issaias Afeworki avait rejeté les accusations de violations des droits humains par son armée au Tigré, les qualifiant de "chimère" et de "désinformation". Un accord de paix signé en novembre prévoit le retrait des troupes érythréennes, mais cela "reste très lent et largement incomplet", selon le rapport présenté lundi.