Vers la création d’une compétition de football centrée sur le modèle de la NBA ou de la National Football League (NFL) avec comme entre autres particularités, la perspective pour des participants d’y figurer tous les ans peu importe leurs résultats domestiques ?
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C’est en tout cas le souhait du Real Madrid et du FC Barcelone, les deux plus grands clubs du foot espagnol, en quête de ressources financières supplémentaires, à travers leur projet dit de la "Super Ligue".
Il s’agirait d’une ligue privée censée rassembler les meilleures formations d’Europe avec une gouvernance hors de celle des instances traditionnelles, dont la FIFA, mais surtout l’UEFA, actuelle organisatrice de la Ligue des champions (C1), la plus prestigieuse des compétitions de football de club sur le vieux continent.
Un monopole fragilisé
Annoncée pour la première fois un soir du 19 avril 2021 avec la participation de douze fondateurs, dont l’AC Milan, Arsenal, Atlético Madrid, Chelsea FC, FC Barcelone, Inter Milan, Juventus, Liverpool, Manchester City, Manchester United, Real Madrid et Tottenham, le projet avait avorté 48 heures après.
Une situation due à la désapprobation générale des fans à travers le monde et la menace de sanctions de la FIFA et de l’UEFA à l’encontre des promoteurs. Dix des participants initiaux ont ainsi renoncé, laissant le Real Madrid et le FC Barcelone dans leur échappée solitaire.
Ces derniers ont cependant obtenu gain de cause le 21 décembre 2023 à travers une décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) déclarant "illégales les règles de la FIFA et de l’UEFA soumettant à leur autorisation préalable la création de tout projet de nouvelle compétition de football interclubs, telle que la Super Ligue, et interdisant aux clubs et aux joueurs de participer à celle-ci, sous peine de sanctions".
Un modèle en sursis
De quoi favoriser l’avènement de la Super Ligue ? Ce n’est pas aussi simple. Car celle-ci reste très impopulaire à travers l’Europe malgré la récente promesse de ses créateurs d’y introduire le principe d’une méritocratie sportive. Cette impopularité touche même le cadre politique, notamment au Royaume-Uni où l’État veut légiférer pour empêcher ses clubs d’y adhérer.
La CJUE a par ailleurs indiqué que "sa décision ne signifie pas qu’une Super Ligue devrait être approuvée". Pour autant, l’appétence de certains clubs européens pour le lucratif système des franchises nord-américaines marqué notamment par des ligues sans rétrogradation demeure vivace. D’autant que la FIFA et l’UEFA souffrent elles aussi d’un profond discrédit pour avoir favorisé au fil des années, selon leurs détracteurs, le gain financier au détriment du jeu.
Menacé d'une part par la révolution de la Super Ligue, et de l'autre par la mainmise grandissante des fonds d’investissement américains sur ses actifs, le football européen joue plus que jamais son avenir.