La trêve avec Trump saluée en Chine, mais sans excès d'optimisme

Le président Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping lors de leur réunion bilatérale, le samedi 1er décembre 2018 à Buenos Aires, en Argentine. (AP Photo / Pablo Martinez Monsivais)

Les médias d'État chinois saluaient lundi "l'importante" trêve commerciale sino-américaine sans y voir un coup de baguette magique propre à résoudre les profonds différends bilatéraux, même si la nouvelle soutenait les Bourses asiatiques.

Pour le Global Times, l'accord de Buenos Aires, auquel sont parvenus samedi les présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping, constitue un "important pas en avant" porteur d'un "haut potentiel de commerce équitable" entre les deux première économies mondiales.

"On espère que les équipes commerciales des deux pays vont parvenir à autant d'accords que possible et aussi vite que possible pour accélérer la coopération Chine-États-Unis", écrit le quotidien nationaliste.

Le Quotidien du Peuple, organe officiel du Parti communiste chinois, parle d'un "consensus important", montrant que les intérêts communs ont "dépassé les différends".

Donald Trump a renchéri dans l'optimisme dimanche soir en affirmant sur Twitter que la Chine allait "réduire et supprimer" ses droits de douane sur les automobiles américaines.

Le milliardaire new-yorkais et Xi Jinping ont déclaré une trêve dans leur conflit commercial, en conclusion d'un sommet du G20 conflictuel à Buenos Aires.

Washington a suspendu pour 90 jours l'application annoncée au 1er janvier de nouveaux droits de douane sur une partie des produits importés de Chine, le temps de laisser une chance à une négociation portant sur des "changements structurels" dans leurs relations commerciales.

Selon la Maison Blanche, la Chine s'est aussi engagée à acheter un montant très substantiel de produits américains, notamment agricoles.

Ce répit a suffi à ragaillardir les marchés asiatiques, très malmenés ces derniers mois par l'affrontement transpacifique: Tokyo a ouvert en hausse de plus de 1%, Shanghai et Hong Kong grimpant de plus de 2%.

- Coopération ou confrontation? -

Pourtant, en cas d'échec des discussions, Washington a prévenu: les droits de douane, de 10% depuis fin septembre, seront bien portés à 25% sur près de 200 milliards de dollars de produits.

La Chine avait rétorqué avec des mesures similaires sur quelques 110 milliards de dollars de produits venant chaque année des États-Unis.

Les autorités américaines reprochent à la Chine des transferts "forcés" de technologie ainsi que du "vol de propriété intellectuelle", en sus d'un déséquilibre commercial toujours abyssal. Selon Washington, l'excédent chinois est de 335 milliards de dollars annuels.

Le Global Times affirme lundi qu'au nombre des sujets de discussions entre les deux pays, figurera l'accès aux marchés, la propriété intellectuelle et le "contrôle conjoint de la cybercriminalité".

"Les deux parties sont convenues de s'efforcer de conclure dans les 90 jours", affirme-t-il, reprenant au compte de la Chine le délai de 90 jours initialement mentionné par les seuls États-Unis.

Les deux présidents vont commencer "immédiatement" à échanger sur les changements structurels à apporter en matière de transferts de technologie, de protection de la propriété intellectuelle, de piratage informatique, de services et d'agriculture, selon la même source.

Mais les analystes pointent que les désaccords seront ardus à résoudre.

Une opinion que semble partager le China Daily: "aucune baguette magique n'a été brandie pour abolir en une nuit les différences entre Chine et États-Unis", écrit-il.

L'accord de Buenos Aires montre que les deux parties ont conscience que la guerre des droits de douane peut porter préjudice à l'économie mondiale, estime-t-il.

"Mais compte tenu la complexité des interactions entre les deux économies, le reste du monde va continuer de retenir son souffle en attendant de voir si la série de projets constructifs dans les tuyaux peut remettre les relations bilatérales sur un chemin de coopération plutôt que de confrontation", souligne le quotidien de langue anglaise.

Avec AFP