Après un avertissement sur des pertes à venir, Credit Suisse s'est effondré de 13,83% à 10,74 francs suisses à Zurich tandis que la banque japonaise Nomura a clôturé la séance en chute de 16,33% à 603 yens à Tokyo.
Les pertes pour d'autres grandes banques dans le monde ont finalement été plus limitées.
Vendredi, des parts détenues par Archegos, qui gère la fortune de l'homme d'affaires Bill Hwang, ont été cédées en masse via plusieurs opérations réalisées entre autres par les établissements Morgan Stanley, Goldman Sachs et Deutsche Bank, ont rapporté plusieurs médias.
Ces ventes d'actions en bloc, de plus de 20 milliards de dollars selon Bloomberg, de près de 30 milliards selon le Wall Street Journal, sont inhabituelles par leur ampleur.
Elles ont notamment concerné les actions de sociétés chinoises cotées à Wall Street, telles les géants de l'internet Baidu et Tencent Music ou le détaillant de rabais en ligne Vipshop, ainsi que les entreprises américaines de médias ViacomCBS et Discovery.
Archegos a réagi lundi soir dans un communiqué, soulignant que c'était pour elle "une période difficile".
"Toutes les options sont discutées alors que M. Hwang et son équipe déterminent la meilleure façon d'aller de l'avant", a indiqué Karen Kessler, porte-parole de la société dans un communiqué transmis à l'AFP.
A New York, après un début chahuté, Wall Street s'est rapidement reprise, plusieurs observateurs faisant remarquer que l'exposition des grandes banques américaines semblait minime.
Morgan Stanley (-2,63%,) Goldman Sachs (-0,51%,), Bank of America (-0,96%,), J.P. Morgan Chase (-1,55%,) et Wells Fargo (-3,32%,) ont néanmoins fini dans le rouge.
Egalement à la peine, l'allemande Deutsche Bank a plongé (-3,01% à 10,13 euros) et les françaises BNP Paribas et Societe Générale ont reculé de respectivement 1,94% à 50,67 euros et 2,32% à 21,73 euros.
Archegos aurait été, elle-même, bousculée par la forte baisse plus tôt dans la semaine de ViacomCBS, dont elle détenait beaucoup d'actions, selon le quotidien britannique des affaires Financial Times, qui cite des sources proches du dossier.
Ce repli a conduit un des courtiers d'Archegos à demander des fonds supplémentaires pour couvrir la dépréciation de cet investissement et in fine a poussé Archegos à liquider certaines de ses positions.
Craintes de réactions en chaîne
Les déboires du fonds ont fait craindre des réactions en chaîne dans le monde de la finance.
Lundi, Nomura a averti qu'un "événement" survenu vendredi dernier "pourrait soumettre une de ses filiales aux Etats-Unis à une perte significative" émanant de transactions liées à un client basé aux Etats-Unis, sans dévoiler le nom de ce dernier.
La banque nipponne évalue encore la perte potentielle mais estime que les déboires liés à ce client pourrait lui coûter 2 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros) sur la base des cours vendredi. Le montant pourrait être réévalué, a-t-elle prévenu.
Déjà secouée par la faillite de la société financière britannique Greensill, Credit Suisse a aussi émis un avertissement sur ses résultats.
Pour le moment, il est "prématuré" de quantifier la taille exacte de la perte qui pourrait en résulter, a indiqué la banque suisse, estimant cependant que l'impact pourrait être "hautement significatif et substantiel" sur ses résultats du premier trimestre.
La banque suisse n'a pas précisé le nom du fonds mais la perte potentielle est bien liée aux déboires d'Archegos, a dit à l'AFP une personne au fait du dossier.
"Alors que la question de Greensill est encore loin d'être résolue, Credit Suisse est confrontée à nouveau à un problème", a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, qui s'attend à ce que les déboires d'Archegos et leur impact sur les grandes banques fassent beaucoup parler d'eux au cours "des prochains jours", voire "semaines".
Pour l'instant pour Goldman Sachs, "l'impact financier de cet incident (...) est négligeable", selon une source proche de l'établissement.
La liquidation des positions d'Archegos ne présente pas en soi de risque pour l'ensemble du système financier, le fonds s'étant concentré sur un certain nombre de placements risqués, estime pour sa part Neil Wilson, économiste en chef pour Markets.com.
Mais après la saga GameStop ou les secousses boursières de Tesla, "nous voyons de plus en plus de poches d'activités de courtage très inhabituelles sur certaines actions", a-t-il mis en garde.