L’université de Dakar est en permanence sous haute tension. Si elle n’est pas le théâtre d’affrontements entre les forces de l’ordre et les étudiants, elle se transforme en terrain de règlements de comptes entre ces derniers. Une situation alarmante qui a poussé l’assemblée restreinte de l’université à suspendre toutes les amicales d’étudiants et de fermer le campus social.
Une décision impopulaire qui a finalement été annulée.
Cependant des étudiants comme Amadou Fall estiment qu’il faut redéfinir les règles de cohabitation.
"Je déplore toute cette situation. Et il faut des mesures fortes. Un malheur ne vient jamais seul. Il y a des étudiants qui rajoutent souvent de l'huile sur le feu quand il y a un problème au sein du campus et ils sont armés", s'alarme-t-il.
Amadou demande à ses camarades étudiants d’être solidaires.
"Il y a tellement d'associations, de groupes donc nous gagnerons à nous unir, nous serrer les coudes. Notre objectif principal reste les études pour après réussir dans la vie. Restons concentrés", plaide-t-il.
Lire aussi : Le Sénégal cherche des solutions pour le chômage des jeunes
La surpopulation universitaire, l'insécurité ou encore l'usage d'armes blanches, les conflits à caractère identitaire sont autant de problèmes qu'il faut résoudre avec des mesures fortes. C’est la conviction d'Alioune Samba, qui affirme que le mal est profond.
"Depuis un moment nous assistons au Sénégal à des débats ethniques houleux. Et il faut dire que certaines autorités ou encore des responsables en sont les initiateurs. Et c’est très dangereux pour une nation. Aujourd'hui les étudiants s'y mettent. Nous fustigeons les violences", dit-il.
Pour Alioune, l'université est le "Sénégal en miniature" et il est temps de "prendre en charge sérieusement ce genre de situation qui dégénère tout le temps. Il faut taper du poing sur la table. Des conflits ethniques dans un espace dédié à la quête du savoir c'est déplorable. Aucune excuse ne justifie cela", insiste-t-il.
Oui, le mal est profond, confirme le professeur Ibrahima Niang, socio-anthropologue. Pour lui, les scènes de violences n’ont pas leur place à l’université , les conflits à caractère ethnique encore moins. L’universitaire invite les étudiants à prendre en exemple leur illustre parrain le Professeur Cheikh Anta Diop. Un scientifique qui a passé sa vie à prôner la culture du savoir, de la paix et de la cohésion sociale.
"Il a montré l'unité culturelle de l’Afrique notamment du Sénégal. Nous avons tous les mêmes ancêtres. Des ancêtres qui ont construit la paix sur des dizaines et des dizaines de milliers d'années", affirme-t-il.
"Il va falloir reprendre les choses à leurs racines. Heureusement que les autorités ont bien géré la situation. Il faut savoir que la parenté à plaisanterie est un socle de la cohésion sociale. Cela peut avoir des répercussions au niveau régional. Dans ce cas la situation va s'empirer", s’inquiète-t-il.
Your browser doesn’t support HTML5
Les autorités universitaires et étatiques entendent faire revenir la sérénité au sein des campus, notamment celui de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Les premières mesures qui visaient une suspension des amicales d’étudiants et la fermeture du campus social ont été annulées. Elles sont jugées inopportunes par les étudiants et insuffisantes par certaines parties prenantes. Sont attendus désormais les mesures du président Macky Sall qui a promis de mettre de l’ordre dans les universités.