La visite de Netanyahu à Déby

Benyamin Netanyahu et Idriss Deby Itno signant l'accord sur le rétablissement de relations diplomatique entre le Tchad et Israël, le 20 janvier 2019, à N'Djamena au Tchad. (VOA/André Kodmadjingar)

Le Premier ministre Israélien Benyamin Netanyahu a effectué une visite éclair au Tchad dimanche 20 janvier. La visite historique lui a permis de discuter avec le président tchadien Idriss Déby Itno sur le renforcement de la coopération et le rétablissement de relations diplomatiques entre les deux pays.

C’est pour la première fois après 47 ans de rupture de relations diplomatiques entre la république du Tchad et l’Etat d’Israël, qu’un haut responsable Israélien a foulé le sol tchadien.

"Cette visite ne sera pas sans conséquence sur les relations diplomatiques avec les autres Etats avec qui nous avons une longue tradition de coopération".

Max Kemkoi president de l'UDP, à N'Djamena au Tchad, le 20 janvier 2019. (VOA/André Kodmadjingar)

Max Kemkoi, président de l’Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès, un parti politique de l’opposition, pense que "la ligue arabe ne sera pas muette là-dessus. Nous allons vivre, peut-être assistés à des tensions diplomatiques simultanément et de façon graduelle et ce n’est pas bon pour le Tchad".

Conséquence qui selon lui, découlera de la crise entre Israël et Palestine qui divise le monde. Une visite qui toutefois a permis aux deux hommes d’Etat de discuter de la situation sécuritaire dans le Sahel et l’instabilité politique des pays limitrophes du Tchad.

Déby sollicite l’appui logistique de l’Etat d’Israël dans la lutte contre les jihadistes dans le Sahel.

"Malgré les sacrifices énormes consentis par les pays membres de la CBLT, pour affaiblir militairement Boko Haram, qui multiplie ces derniers temps ses attaques contre des cibles militaires dans certains pays voisins".

Benyamin Netanyahu et Idriss Deby Itno le 20 janvier 2019, à N'Djamena au Tchad. (VOA/André Kodmadjingar)

Répondant à la demande du président tchadien, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, a déclaré que le Tchad est un allié important dans la lutte contre le terrorisme qu’il faut soutenir.

"Nous croyons que l’avenir de l’Afrique dépend de l’avenir du Sahel. Ce qui se passe influence tout ce qui se passe dans le monde et les alliés du Tchad doivent le comprendre. Donc nous avons discuté comment élargir et approfondir notre coopération surtout dans le domaine de la sécurité et je crois que cette coopération va créer un avenir plus stable et plus prospère. Car nous croyons que l’avenir du Tchad est l’avenir de l’Afrique".

Pour Max Kemkoi, président de l’UDP, le Tchad ne peut pas, avec ces maigres ressources en termes de moyens militaires et ressources humaines, être continuellement, gendarme de l’Afrique.

"On ne peut pas nous encourager dans ce dynamique étant un pays très pauvre où ces populations vivent à peine. Nous devrons sortir de ce schéma d’un Etat qui est en tête de pont dans la lutte contre le terrorisme cela ne nous apporte rien. Nous dénonçons et nous ne comprenons pas pourquoi on doit nous encourager nous à être un peuple guerrier pour protéger les autres en perdant hommes, armes et munitions pendant que les autres puissent dormir tranquilles".

François Djékombé président de l'USPR, à N'Djamena au Tchad, le 20 janvier 2019. (VOA/André Kodmadjingar)

Le président de l’Union Sacrée pour la République, Francois Djékombé, un autre opposant confirme que la stabilité dans le Sahel dépend bien évidement du Tchad.

"Je crois que Benyamin Netanyahu a parfaitement raison. A partir du Tchad vous contrôlez en même temps le Moyen Orient, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale, vous êtes en liaison avec l’Afrique de l’Est. Donc le Tchad occupe une position centrale et c’est quelque chose qu’on ne peut pas nier. Maintenant, se baser sur un le seul aspect pour appeler les gens à soutenir militairement le Tchad, je pense que c’est une erreur. Il faudrait qu’à l’appui militaire souhaité pour le Tchad pour lutter contre le terrorisme s’ajoute également le développement économique".