Lagos en ébullition, calme précaire à Abuja

Des jeunes manifestants bloqeunt les principaux acces au centre ville d'Abuja, Nigeria, le 21 octobre 2020. (VOA/Gilbert Tamba)

L’armée est accusée de tirer à balles réelles sur les manifestants à Lagos. Le bilan annoncé mercredi est lourd: on parle de 41 morts. Certaines compagnies aériennes comme Delta et Kenya Airways ont annoncé l’annulation de leurs vols sur le Nigeria.

La journée du mardi aura été la journée la plus meurtrière depuis que les manifestations contre les violences policières ont commencé le 8 octobre au Nigeria.

Des milliers de Nigérians, notamment des jeunes, descendent chaque jour dans les rues pour protester contre le gouvernement fédéral.

"Ils utilisent des gaz lacrymogènes contre nous. Nous avons faim. Nous n’avons pas d’argent pour payer nos frais de scolarité. Les femmes souffrent et cela fait longtemps que nous souffrons", dénonce une manifestante en colère​.

A Lagos, les violences ont repris, les manifestants ont été dispersés par des coups de feu, une station de télévision appartenant à une personnalité du parti au pouvoir a été incendiée ainsi que la maison de la mère du gouverneur de Lagos, entre autres. Ces incidents surviennent en réponse à une attaque attribuée à des éléments de l’armée nigériane contre les manifestants sur un péage de la capitale économique faisant plusieurs blessés, selon des témoins.

Des policiers arrêtent un manifestant au péage de Lekki à Lagos, au Nigeria, mercredi 21 octobre 2020.

Une enquête est ouverte pour tenter de déterminer qui a donné l’ordre de tirer sur les manifestants.

Le gouverneur de l’Etat, Babajide Sanwo-Olu, a pris la parole pour appeler au calme. "Je lance un appel à nos citoyens, particulièrement nos jeunes: je suis pour vous, je suis avec vous. Je ressens votre peine et je comprends que vous n’êtes pas contents de ce qui s’est passé hier nuit. Je veux vous dire encore une fois qu’en tant que votre gouverneur je ferai tout pour assurer que chaque vie compte".

A Abuja, c’est un calme précaire qui règne. Beaucoup de résidents de la capitale fédérale ont préféré rester chez eux.

Le bilan des manifestations est lourd au lendemain de ce qu’on pourrait appeler un mardi noir: on parle de 41 morts au moins dans les Etats de Lagos, Abuja, Kano et Ibadan. Des commissariats de police mis à sac dans plusieurs endroits. Des véhicules incendiés à Abuja comme dans beaucoup d’autres Etats.

Le gouvernement fédéral est critiqué pour la manière avec laquelle il gère la situation depuis le début.

Selon le quotidien Punch, l'ancien président Olusegun Obasanjo a appelé le président Muhammadu Buhari à "empêcher les militaires et autres agences de sécurité d'utiliser la force brute comme moyen de mettre fin à la crise".

Le conseiller du président nigérian sur les affaires du Delta du Niger, Ita Enang, appelle les manifestants à la table des négociations.

"Je joins ma voix pour demander à tous les Nigérians qu’il est temps de quitter les rues. Vous avez toujours le droit de protester dans le respect de la loi, mais il est temps de venir à la table de négociations pour qu’ensemble nous parlons des problèmes en question", a-t-il dit.

La situation reste tendue et 9 Etats sur les 36 ont décrété un couvre-feu pour restaurer le calme. Certains Etats ont aussi constitué des commissions d’enquête pour faire le point sur les crimes commis par la brigade SARS, une des demandes des manifestants.

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L'aéroport de Lagos paralysé par les manifestants