Le Burundi suspend sa collaboration avec le bureau onusien des droits de l'Homme

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon s'entretient avec des membres du gouvernement burundais lors de son arrivée à Bujumbura, le 22 février 2016.

Le gouvernement burundais a annoncé mardi suspendre toute forme de collaboration avec le bureau du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme à Bujumbura, qu'il accuse de "complicité" dans l'élaboration d'un rapport accablant pour le pouvoir.

Lundi, Bujumbura avait déjà déclaré persona non grata trois experts des droits de l'homme de l'ONU qui, dans leur rapport publié le 20 septembre, avaient accusé le gouvernement burundais de "violations graves" des droits de l'homme et mis en garde contre de possibles "crimes contre l'humanité".

Dénonçant la "complicité" du bureau du Haut-Commissariat des droits de l'homme au Burundi dans "l'élaboration du rapport mensonger et controversé", le gouvernement du Burundi a décidé de "suspendre toute coopération et collaboration, dans toutes ses structures, avec ce bureau, et ce jusqu'à nouvel ordre", a annoncé mardi dans un communiqué le secrétariat général du gouvernement burundais.

Le gouvernement ajoute avoir demandé au bureau onusien de désigner une équipe pour renégocier l'accord liant les deux parties, notamment "le mandat, la durée et la taille" de la structure au Burundi.

Le bureau onusien des droits de l'homme au Burundi compte une vingtaine d'expatriés en plus d'un réseau de Burundais répartis dans le pays. Ils produit depuis des années des rapports documentés sur les violations des droits de l'homme dans le pays.

Réagissant lundi à l'interdiction de territoire imposée aux trois experts des droits de l'homme, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric avait exprimé la désapprobation des Nations unies.

"Il est crucial que le Burundi et tout autre pays coopèrent totalement avec le mécanisme de protection des droits de l'homme de l'ONU, y compris en travaillant avec ceux qui le représentent", avait souligné M. Dujarric.

Il y a quelques jours, Bujumbura avait annoncé avoir entrepris de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI), ceci une semaine après l'ouverture d'une enquête de l'ONU sur les violations présumées des droits de l'homme commises dans le pays depuis avril 2015.

La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a elle-même lancé en avril un examen préliminaire sur des meurtres, tortures et viols notamment, dans ce pays de la région des Grands lacs.

Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat, qu'il a obtenu en juillet de la même année au terme d'une élection boycottée par l'opposition. Les violences ont fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit discuter de cette crise jeudi, et entendre notamment un rapport de son envoyé dans le pays Jamal Benomar.

Avec AFP