Au début du mois de juin 2024, la découverte macabre du corps d’un garçon de 11 ans dans la maison d’un féticheur crée l’émoi et la consternation dans tout le Bénin. Un crime contre un enfant dont les parents continuent de se poser des questions.
Pour Honorat Atindjila, on est en plein dans l’horreur. "Ça commence par faire peur parce qu’avant ce n’était que quelques cas isolés. Mais maintenant c’est comme si c’est à la mode. Il n’y a pas de jour où vous n’entendrez pas qu’un enfant a été tué et son sang recueilli. Et c’est souvent l’œuvre des jeunes qui ne veulent rien faire pour gagner leur vie. Ils veulent tout facilement et donc n’hésitent à bouleverser des vies pour y arriver", souligne Atindjila.
Devant la fréquence des crimes, les religions endogènes ont été pointées du doigt. Les vieilles rengaines qui font d’elles le réceptacle de tout ce qui est diabolique sont revenues au-devant de la scène.
Les dignitaires sont montés au créneau pour, disent-ils, laver l’honneur du vodun. "Nous condamnons avec la dernière rigueur ces crimes crapuleux et nous remercions le gouvernement pour les mesures prises afin d’éradiquer ces actes criminels dans notre pays. Nous invitons tout le corps social, la cellule familiale à reprendre en main l’éducation des jeunes afin qu’ils comprennent que l’argent se gagne par le travail", explique ce défenseur du vodun.
Lire aussi : Au Bénin, TikTok fait débatCependant, pour des personnes comme ce dignitaire ayant requis l’anonymat, "certains (qui) tombés dans les religions endogènes comme par magie sont au cœur des crimes rituels." Il ajoute que « le terreau de l’ignorance, il n’y a rien de pire que cela. Les crimes rituels illustrent l’ignorance que les gens ont de la tradition noble du vodun. Vendre des enfants, des jeunes filles à des prix dérisoires. Cela montre la banalisation de la vie humaine. C’est tout sauf du vodun ».
Un autre se désole de la situation et précise que ceux qui se livrent à de telles bassesses s’exposent à la colère du vodun qu’ils trainent dans la boue. Pour cet autre dignitaire du vodun, « ils se détruisent progressivement, ils le font pour plusieurs réincarnations. Le vodun recommande l'unité, l'amour, le respect des lois et principes universels. On ne peut jamais tuer l’Homme pour des rituels. Du point de vue scientifique, ça ne veut rien dire, du point de vue métaphysique, ça ne veut rien dire » renchérit-il.
Devant ce tollé général, le président du Comité des rites "Vodun" a exprimé son indignation et "regrette l’amalgame que distillent certaines personnes pourtant capables de reconnaître la différence fondamentale qui existe entre les pratiques ésotérico-magiques, immorales, maléfiques, diaboliques et les pratiques et rituels du Vodun ou du Fá". Mais pour beaucoup, il faut aller au-delà des menaces et punir sévèrement cette banalisation de la vie humaine.