Mercredi, jour férié en Sierra Leone pour la fête musulmane de l'Aïd, la population vaque tranquillement à ses occupations dans le centre de Freetown. Des femmes vendent de la nourriture au marché, tandis que des conducteurs de motos-taxis et de tuk-tuks sont à la recherche de clients.
Lire aussi : Le président Julius Maada Bio réélu pour un deuxième mandat en Sierra Leone"Je suis heureuse, non pas à cause du résultat, mais de la façon dont tout s'est déroulé, car nous nous attendions vraiment à une catastrophe", a déclaré Amanda, 40 ans, employée d'un hôtel, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. "Tout le monde est cool, tout le monde se porte bien, tout le monde est heureux. Tout le monde poursuit ses activités normales", a dit à l'AFP Abu Kailesie, étudiant de 24 ans, partisan de Bio. "Tout va bien", se réjouit-il.
Mais Alpha Kaloko, un cycliste de 20 ans, a déclaré : "Je ne suis pas satisfait de ces résultats, parce que je pense que cette élection n'est pas juste. Ce n'est pas juste... Nous avons besoin de changements".
"Rejet catégorique"
M. Bio, chef du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), a prêté serment mardi à la présidence juste après l'annonce de sa victoire par la commission électorale avec 56,17 % des voix. En Sierra Leone, il faut obtenir 55 % des voix au premier tour pour éviter un second tour. Au cours de son premier mandat, M. Bio s'est fait le champion de l'éducation et des droits des femmes.
Dans une allocution peu après les résultats, Julius Maada Bio a insisté sur les enjeux économiques et le développement des infrastructures, dans l'un des pays les moins développés au monde. Il a aussi appelé tous les Sierra-Léonais à se rassembler pour "le progrès" et la "prospérité".
"Je rejette catégoriquement les résultats annoncés par la commission électorale", a dit mardi soir sur Twitter Samura Kamara, le candidat arrivé deuxième avec 41,16 % des voix. M. Kamara, chef du parti du Congrès de tout le peuple (APC), n'a pas prononcé de discours, mais avait dénoncé avant l'annonce des résultats un "manque total de transparence et de responsabilité" de la part de la commission électorale.
Irrégularités
L’observatoire national des élections, une coalition d'organisations de la société civile, a souligné mardi dans un communiqué des irrégularités présumées dans les données de la commission électorale. Il a affirmé que, sur la base de ses propres calculs, le taux de participation se situait entre 75,4 et 79 %, et non 83 % comme l'a annoncé la commission électorale.
Selon cet observatoire, M. Bio aurait dû obtenir entre 47,7 et 53,1 % des voix, tandis que M. Kamara aurait dû obtenir entre 43,8 et 49,2 % des voix.
La journée électorale, samedi, s'est déroulée dans le calme malgré quelques incidents. Mais dimanche soir, une femme a été tuée au siège de l'opposition pendant que les forces de sécurité cherchaient à disperser la foule rassemblée.
Cameron Hume, un ancien ambassadeur américain qui a dirigé une mission d'observation du Centre Carter, a déclaré mercredi à l'AFP qu'il y avait eu quelques failles dans le processus électoral. "Le vote a semblé se dérouler de manière crédible", a déclaré M. Hume. Mais il a dénoncé de "nombreux incidents" occasionnant "une rupture dans la chaîne de crédibilité".
Les Sierra-Léonais ont aussi voté samedi pour élire leur Parlement et les conseils locaux, des scrutins dont les résultats n'ont pas encore été publiés.