Le Cameroun désapprouve "vivement" les propos de l'ambassadeur américain

L'ambassadeur des Etats-Unis Peter Henry Barlerin et le président camerounais Paul Biya à Yaoundé, le 17 mai 2018. (Twitter/président Paul Biya)

Le gouvernement camerounais a exprimé sa "vive désapprobation" à l'ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, convoqué mardi par les autorités, suite à ses propos dénonçant des exactions dans les zones anglophones du pays, selon un communiqué du ministère camerounais des Affaires étrangères.

"Le ministre des relations extérieures a fait part (à l'ambassadeur des Etats-Unis) de la vive désapprobation du gouvernement camerounais après sa démarche qui viole tous les usages diplomatiques en la matière, ainsi que les règles de civilité et de droit, tant dans la forme que dans le fond", indique le communiqué daté de mardi.

Le diplomate américain, Peter Henry Barlerin, avait affirmé vendredi dans un communiqué qu'"il y a eu des assassinats ciblés (...) et des incendies (ainsi que) des pillages de villages" dans les régions anglophones, commises par les forces gouvernementales.

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Cette affirmation représente des "allégations totalement infondées", selon le communiqué gouvernemental, qui note que "malgré un harcèlement quasi quotidien et de fortes pertes humaines et matérielles, (les forces de sécurité) ont toujours gardé à l'esprit, avec professionnalisme et rigueur, les règles d'engagement et du droit international humanitaire".

Mi-mai, l'armée avait admis que des militaires étaient "manifestement sortis des normes et techniques légales en pareilles circonstances" suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant une personne violentée par des gendarmes.

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Vendredi, dans le même communiqué diffusé à la suite d'un entretien entre l'ambassadeur et le président camerounais Paul Biya, les Etats-Unis accusaient également les séparatistes armés de "meurtres de gendarmes, enlèvements de fonctionnaires et incendies d'écoles".

C'était la première fois qu'une chancellerie occidentale affirmait ouvertement que des exactions ont été commises par les deux camps dans ce conflit qui oppose depuis fin 2017 l'armée camerounaise à des sécessionnistes armés réclamant l'indépendance des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

M. Barlerin indiquait également dans sa déclaration avoir "suggéré au président qu'il devrait réfléchir à son héritage et à comment il veut que l'on se souvienne de lui dans les livres d'histoire".

Les autorités camerounaises ont "invité" l'ambassadeur à "respecter le peuple camerounais, notamment sa liberté souveraine", et indiqué que Paul Biya, 85 ans dont 35 au pouvoir, "ne se maintient pas au pouvoir par la force, ayant été élu aux différents scrutins présidentiels, contre de nombreux et de valeureux candidats".

Le Cameroun doit élire son nouveau président fin 2018. Paul Biya ne s'est pas encore exprimé sur sa possible candidature à une septième réélection.

Avec AFP