M. Puigdemont va "rester en détention dans un premier temps, jusqu'à ce qu'une décision soit prise concernant une procédure d'extradition", a annoncé lundi le tribunal régional de Kiel, dans la région du nord de l'Allemagne où il avait été arrêté dimanche.
Il n'y a aucun recours possible contre cette décision, a-t-il précisé.
L'arrestation surprise de l'intéressé avait entraîné des heurts entre des militants indépendantistes catalans et la police dimanche à Barcelone. Aucun débordement n'a été signalé lundi.
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Lundi, il a comparu devant un tribunal de Neumünster, ville dans laquelle il est également maintenu en garde à vue. Il s'agissait de formellement établir son identité et décider s'il restait ou non en prison.
Désormais, il revient au tribunal de Kiel de trancher sur son éventuel extradition, selon le communiqué.
60 jours maximum
Sur le fond, la justice allemande dispose d'un délai de 60 jours pour trancher sur la remise de M. Puigdemont à Madrid.
Une porte-parole du parquet allemand, Wiebke Hoffelner, s'est bornée à dire que la décision ne serait "pas prise cette semaine".
La justice aura à décider si des infractions similaires à celles pour lesquelles M. Puigdemont est poursuivi en Espagne existent en droit allemand.
Il est inculpé, avec douze autres responsables indépendantistes de "rébellion", crime passible de 30 ans de prison, et de détournements de fonds publics. En cause, la tentative ratée de sécession par référendum de l'automne 2017.
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A Genève, le Comité des droits de l'homme de l'ONU a annoncé avoir enregistré une plainte de M. Puigdemont.
Son avocat britannique Ben Emmerson avait déclaré le 2 mars que son client avait saisi le Comité d'une plainte accusant Madrid de violer son droit d'être élu et sa liberté d'expression et d'association.
Une porte-parole du Comité a confirmé lundi "l'enregistrement de cette communication". "La prochaine étape du processus est que l'Etat partie (l'Espagne, ndlr) a six mois pour répondre", a-t-elle dit.
Elsa Artadi, une députée du parti de Carles Puigdemont, a estimé sur Twitter que l'indépendantiste s'opposerait à son extradition parce que "l'Espagne ne garantit pas un procès équitable".
"Infractions bien concrètes"
Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière Angela Merkel, a qualifié l'Espagne d'"Etat de droit démocratique" et a relevé qu'il régnait "une confiance toute particulière entre les autorités judiciaires des pays membres de l'UE".
Il a aussi rappelé que selon Madrid, M. Puigdemont et ses camarades ne sont pas poursuivis pour "des idées politiques, des idées d'indépendance, mais en raison d'infractions bien concrètes".
Le gouvernement espagnol est resté en retrait, se contentant de qualifier de "bonne nouvelle" l'arrestation de l'indépendantiste.
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Les poursuites pour "rébellion" restent cependant controversées, car elles supposent "un soulèvement violent" qui, selon des juristes, ne s'est jamais produit.
M. Puigdemont a été interpellé par les policiers du Land de Schleswig-Holstein alors qu'il venait du Danemark voisin en voiture pour rejoindre la Belgique, où l'ex-président catalan s'était réfugié après l'échec de la sécession l'automne dernier.
Les forces de l'ordre allemandes avaient été alertées de sa venue par le représentant de la police criminelle allemande à Madrid.
Le ministère allemand de l'Intérieur n'était pas en mesure de dire si les services de renseignement espagnols étaient impliqués et suivaient l'homme politique catalan.
L'arrestation a été rendue possible par la décision vendredi du juge de la Cour suprême espagnole Pablo Llarena de poursuivre 13 dirigeants séparatistes, dont M. Puigdemont.
De fait, la justice espagnole a porté un nouveau coup aux indépendantistes catalans. Le candidat à la présidence de la région, Jordi Turull, a ainsi été incarcéré, privant les indépendantistes de leur troisième candidat à la tête de l'exécutif catalan.
Une autre indépendantiste exilée, Clara Ponsati, a indiqué "prendre des dispositions" pour se "livrer" aux autorités en Ecosse.
La Catalogne est donc plongée dans l'impasse politique. Les indépendantistes ont pourtant conservé la majorité absolue au Parlement catalan lors des élections du 21 décembre.
S'ils n'arrivent pas à faire élire un président avant le 22 mai, de nouvelles élections seront automatiquement convoquées. Et tant qu'elle n'aura pas de président et de gouvernement, la Catalogne restera sous la tutelle de Madrid, imposée après la déclaration d'indépendance.
Avec AFP