Le championnat portugais de foot reprend dans la zizanie

Eliseu du SL Benfica, à droite, engagé dans un duel avec Yannick Carrasco de Atletico de Madrid en Ligue des champions, Portugal, le 8 décembre 2015.

Désaccord sur les stades, sur les cinq remplacements... Le Portugal doit devenir mercredi le deuxième championnat européen de premier plan à redémarrer, après l'Allemagne mi-mai, mais la désunion du football lusitanien entoure cette reprise de nombreuses inquiétudes.

L'autorisation de reprendre à huis clos la compétition, suspendue en mars à dix journées de la fin à cause de la pandémie de coronavirus, était assortie d'un rigoureux protocole sanitaire, comme en Allemagne. Mais à l'inverse de la Bundesliga, certaines recommandations se sont heurtées aux intérêts particuliers des clubs, très puissants au Portugal.

La Direction générale de santé avait par exemple souhaité que la compétition reprenne "dans un nombre le plus réduit possible de stades". Au final, 16 des 18 équipes joueront dans leur propre enceinte.

Les deux exceptions, qui joueront sur les terrains du centre d'entraînement de la sélection portugaise près de Lisbonne, concernent Santa Clara, club de l'archipel des Açores soucieux d'éviter les allers-retours en avion, et Belenenses, qui ne jouait déjà plus dans son stade historique en raison d'un conflit entre le club et la direction de l'équipe professionnelle.

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Autre exemple de cette ambiance délétère, la proposition de la Ligue visant à autoriser cinq remplacements par match pour protéger la santé des joueurs dans l'enchaînement des matches a pour l'instant été bloquée par les réserves d'un seul club, le Maritimo de Madère. Cette équipe, contrairement à Santa Clara, continuera d'ailleurs à jouer sur son île malgré tous les déplacements que cela impliquera.

- "Les choses ont dégénéré" -

"Au départ il y avait les consignes de la Direction générale de santé, qui semblaient raisonnables et équilibrées. Puis, quand il a fallu les mettre en œuvre, les choses ont dégénéré", résume à l'AFP Sérgio Pereira, directeur du site d'information sportive "Mais Futebol".

Aussitôt que sera bouclée cette 25e journée, le président de la ligue portugaise, l'ancien arbitre international Pedro Proença, doit affronter lundi ses nombreux critiques lors d'une assemblée générale réunissant des clubs sur le pied de guerre.

Accusé par le FC Porto de mener la fronde contre l'actuelle direction de la Ligue, le président du Benfica Luis Filipe Vieira a reconnu lundi avoir été "indigné" par la découverte d'une lettre de M. Proença où ce dernier demandait l'aide des responsables politiques pour que certains matches puissent être diffusés en clair, afin d'éviter les rassemblements de supporters ne disposant pas d'abonnements TV.

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Certains clubs, dont Benfica et Braga, ont très mal pris que M. Proença risque de les brouiller avec les opérateurs cryptés qui leur versent leurs droits de retransmission.

Les rencontres seront donc toujours diffusées sur des chaînes payantes, obligeant la police à mettre en place un important dispositif pour éviter que les fans se réunissent sans respecter les règles de distanciation sociale en vigueur.

Cela n'a pas empêché le principal groupe d'ultras du FC Porto d'annoncer qu'il accompagnera mercredi le déplacement de leur équipe sur le terrain de Famalicao (22h15), pour la soutenir auprès de son hôtel et aux abords du stade.

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- Inquiétudes -

Par conséquent, cette reprise suscite "beaucoup d'inquiétudes parmi les instances du football, les responsables politiques et le public en général. Il aurait fallu que tout le monde fasse preuve de responsabilité, mais ce n'est pas le cas", regrette Sérgio Pereira.

"C'est toujours comme ça au Portugal. Les clubs font du bruit et personne n'a le courage de les affronter", déplore le directeur de "Mais Futebol" en précisant que "chaque club a pris les mesures qu'il a voulues".

Benfica, une des quatre équipes à avoir détecté au moins un cas de contagion début mai, a isolé son effectif depuis vendredi dernier, mais ce n'est pas le cas de la généralité des clubs.

Sur le plan sportif, le retour du championnat permettra au leader Porto et à son dauphin le Benfica de relancer leur course à deux, alors qu'un seul point les sépare et que Braga, troisième, suit à 14 longueurs de la tête du classement.

La fédération a également été autorisée à organiser la finale de la Coupe du Portugal, qui opposera aussi Porto et Benfica, mais n'a toujours pas annoncé la date de la rencontre qui, selon la tradition, clôture la saison.