La justice américaine accuse le leader d'un groupe religieux philippin d'avoir fait venir aux Etats-Unis des filles et des jeunes femmes pour les forcer à avoir des relations sexuelles avec lui sous peine d'une "damnation éternelle".
Le fondateur de la secte nommée "Royaume de Jésus Christ" (KOJC), Apollo Quiboloy, est inculpé avec deux autres hommes d'exploitation sexuelle de femmes âgées de 12 à 25 ans, employées comme assistantes personnelles, selon l'acte d'accusation du ministère américain de la Justice.
Des fonds levés au profit d'une fausse association caritative étaient utilisés pour faire venir aux Etats-Unis les victimes qui travaillaient ensuite pour la secte KOJC.
Certaines devaient à leur tour récolter de l'argent pour financer le "mode de vie fastueux" des dirigeants du groupe, dont Apollo Quiboloy, selon un communiqué du ministère.
L'homme âgé de 71 ans, que les membres de KOJC surnomment "le fils désigné de Dieu", est réputé proche du président des Philippines Rodrigo Duterte, dont il est le conseiller spirituel. Le "Royaume de Jésus Christ" est établi à Davao, fief du chef d'Etat philippin.
"Les victimes préparaient les repas d'Apollo Quiboloy, nettoyaient ses résidences, le massaient et devaient avoir des relations sexuelles avec lui", ce qu'elles appelaient le "service de nuit", a ajouté le ministère de la Justice dans un communiqué.
Apollo Quiboloy et d'autres responsables de KOJC forçaient ces femmes à s'acquitter de ce "service de nuit" sous la menace "d'abus physiques et verbaux et de damnation éternelle".
Le système, mis en place en 2002, semble avoir duré au moins jusqu'en 2018.
Les victimes qui obéissaient étaient récompensées par "des bons repas, des chambres d'hôtel luxueuses, des voyages dans des lieux touristiques et des paiements annuels en espèces basés sur la performance", le tout financé par l'argent récolté par les employés de KOJC aux Etats-Unis.
Au total, l'acte d'accusation vise neuf accusés. Trois d'entre eux ont été arrêtés aux Etats-Unis jeudi.
Apollo Quiboloy possédait de vastes résidences à Hawaï, à Las Vegas et dans une banlieue huppée de Los Angeles, et se trouverait actuellement à Davao, aux Philippines, tout comme deux autres inculpés, selon la Justice américaine.
La secte revendique quelque six millions de membres à travers 200 pays depuis sa fondation en 1985, selon son site internet.
Karlo Nograles, le porte-parole du président philippin, a refusé de commenter la "relation personnelle" de Duterte avec Apollo Quiboloy. Il a précisé n'avoir pas été informé d'une demande d'extradition visant ce dernier de la part des Etats-Unis, mais a assuré que les Philippines "coopéreraient s'il y en avait une contre qui que ce soit".
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