Le chef de l'ex-junte malienne Amadou Sanogo jugé à partir du 30 novembre

Le chef de l'ex-junte malienne Amadou Sanogo, 15 août 2012.

Le chef de l'ex-junte malienne, le général Amadou Sanogo, sera jugé devant les assises à partir du 30 novembre pour "assassinat et complicité" d'assassinat de militaires dont les corps ont été découverts dans un charnier en 2013, indiquent des sources judiciaires.

"Le procureur général près la Cour d'appel de Bamako informe l'opinion de l'ouverture le 30 novembre 2016 d'une session d'assises au cours de laquelle sera évoquée l'affaire Amadou Sanogo et plusieurs autres accusés d'enlèvement de personnes, assassinat et complicité", selon un communiqué officiel.

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Reportage de Kassim Traoré

Le procès est prévu à Sikasso, une ville du sud du pays, a précisé à l'AFP une source au parquet de Bamako. Les procès d'assises sont souvent délocalisés au Mali, notamment pour des motifs de sécurité.

"En raison de la particularité du dossier et dans le but de maintenir l'ordre et la sécurité à l'occasion de ce procès, le parquet général a installé en son sein un secrétariat dédié", chargé de réguler l'accès à la salle d'audience, selon le communiqué.

"Nous sommes heureux d'apprendre qu'il (M. Sanogo) sera enfin jugé. Nous voulons savoir ce qui s'est passé. Nous voulons savoir comment nos pères ont été arrêtés, comment ils se sont retrouvés dans une fosse commune", a déclaré à l'AFP Amadou Kanté, un responsable de l'association des familles de militaires disparus.

"Nous voulons un procès public, pas de procès bâclé et que la vérité éclate", a poursuivi M. Kanté.

"Le 30 novembre est une date trop juste", a déploré Me Moctar Mariko, président de l'Association malienne des droits de l'Homme (AMDH), partie civile dans cette affaire, estimant le délai insuffisant pour "réunir toutes les familles des victimes éparpillées un peu partout à l'intérieur du pays".

Un avocat du général Sanogo, Me Cheik Oumar Konaré, a indiqué n'avoir pas encore été officiellement avisé de la date du procès, mais s'être attendu à ce qu'il s'ouvre prochainement, son client étant détenu depuis bientôt trois ans.

"La loi est claire sur le fait qu'après trois ans sans jugement, le détenu est d'office libéré", a-t-il souligné.

Selon le Code pénal malien, Amadou Sanogo encourt la peine de mort.

Le communiqué ne fait pas mention de ses coprévenus.

La Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Bamako a annoncé en décembre 2015 le renvoi aux assises de 18 militaires, dont le général Sanogo, ainsi que les généraux Yamoussa Camara, ancien ministre de la Défense, et Dahirou Dembélé, ex-chef d'état-major des armées, dans l'affaire dite des "Bérets rouges".

Opposés au putsch de mars 2012 conduit par Amadou Sanogo, alors obscur capitaine de l'armée, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, les "Bérets rouges" avaient vainement tenté un contre-coup d'Etat un mois plus tard avant d'être pourchassés par les putschistes.

Les corps d'une vingtaine de militaires appartenant à cette unité parachutiste avaient été retrouvés en décembre 2013 dans un charnier à Diago, près de Kati, qui fut le quartier général de Sanogo et de ses hommes.

Dans les mois qui ont suivi le coup d'Etat, Sanogo et ses hommes ont été accusés de nombreuses violences à l'encontre de "Bérets rouges" ainsi que d'hommes politiques, de journalistes et de membres de la société civile.

Promu général, l'officier est ensuite tombé en disgrâce au terme d'une transition qui s'est achevée en août 2013 par l'élection du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Ce putsch a précipité la déroute de l'armée face à la rébellion touareg et aux groupes jihadistes dans le nord du Mali.

Cette partie du pays était alors tombée sous la coupe de groupes liés à Al-Qaïda, d'abord alliés de la rébellion, qu'ils avaient ensuite évincée.

Les jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.

Avec AFP