Plusieurs semaines déjà que les autorités se plaignent du désintéressement de la population pour les vaccins anti-covid. Le ministre de la Santé, Gilbert Mokoki, l’a dit devant les députés.
L’engouement des premiers jours de vaccination contraste avec l’hésitation d’aujourd’hui. Denis Christel Sassou Nguesso, ministre de la Coopération internationale et du Partenariat Public-privé, se dit embarrassé que les doses des vaccins Sinopharm ne soient pas toutes utilisées à temps.
"En réalité, la République populaire de Chine a gratifié le Congo au total de 300.000 doses. C’est toutes ces doses, il faudra bien qu’on puisse les consommer, parce qu’il y a un certain nombre de doses qui arrivent en date de péremption à la fin du mois de juillet", explique-t-il, précisant que entre 98.000 et 100.000 pourraient être jetées.
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Dans les rues de Brazzaville, la population est réticente. Non pas seulement qu’elle a peur du vaccin suite aux informations reçues des réseaux sociaux, mais elle se dit surtout préoccupée par d'autres priorités, comme la recherche du pain quotidien.
"Pourquoi il y a beaucoup de types de vaccins ? Pourquoi on ne tomberait pas d’accord sur un même vaccin. Jusqu’ici, on n’est pas sûr de ce qu’on fait. Voilà pourquoi je pense qu’on est encore à la phase expérimentale de ces vaccins. Et du coup en tant que Brazzavillois, je voudrais voir ce que cela va donner", réagit un enseignant.
"C’est que les vaccins, d’ordinaire cela met du temps pour les avoir. Et les gens qui ne sont pas complètement ignorants se posent les questions", constate un autre Brazzavillois.
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Pour l’analyste social Clovin Assen Bozire, la communication et l’exemplarité des autorités elles-mêmes constituent l’un des principaux obstacles. "C’est une opportunité pour la police pour gagner de l’argent en traquant la population à longueur de journée. Donc c’est par peur que la population applique, mais, il n’y a pas la conscience sur la maladie", indique-t-il.
Il estime que les autorités ne suivent pas les consignes sanitaires. "Malgré le couvre-feu et l’interdiction d’aller dans les boîtes de nuit, les dirigeants eux-mêmes ont leurs boîtes de nuit où ils vont danser en cachette. Comment le citoyen qui apprend ça va considérer que la maladie existe?", s’interroge Assen Bozire.
Dans certaines administrations comme la police, la hiérarchie prend des mesures exigeant au personnel de se faire vacciner. Par ailleurs, une campagne de sensibilisation dans les universités porte légèrement ses fruits.