La National Rifle Association (NRA), le lobby d'armes majeur aux États-Unis, demeure catégoriquement opposée à toute législation progressive sur ce sujet. Une nouvelle investigation du New York Times jette une lumière sur les racines de son influence, qui se retracent directement au Congrès, l'incarnation par excellence du pouvoir législatif américain.
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Selon le journal new-yorkais, le Congrès, via certains de ses membres, a contribué au renforcement de la puissance de la NRA, organisation connue pour sa défense indéfectible du deuxième amendement, fondement du « droit de détenir et de porter des armes » dans le pays, au fil des ans.
Pour arriver à cette conclusion, le New York Times a méticuleusement analysé des milliers de notes de service manuscrites de neuf législateurs qui siègent également au conseil d'administration de la NRA.
Sabotages, activisme, lobbyisme
John Dingell, un de ces élus, s'est distingué par ses actions au profit du lobby des armes pendant son mandat record (1955-2015) à la Chambre des représentants.
Selon le New York Times, cet ancien député démocrate du Michigan, un partisan des armes et aussi président de la Commission du commerce de la Chambre, a été l'instigateur de l'offensive de la NRA sur le pouvoir législatif américain.
En 1975, soit sept ans après son entrée au conseil d'administration de la NRA, il a préconisé une "stratégie agressive" pour promouvoir sa politique pro-arme par tous les moyens possibles.
Ce soutien inébranlable s'est manifesté de plusieurs façons, allant de la séduction des élus en faveur de la limitation du port d'armes à des actes de sabotage de projets de loi au Congrès.
Statu quo préjudiciable
L'impact de John Dingell et ses collègues en faveur des armes est tel que leur action se fait encore sentir des décennies plus tard, influençant les décisions de la Cour Suprême sur ce sujet. Pour ces législateurs, dont la mission était de préserver le principe du deuxième amendement, chaque fusillade était perçue comme une menace.
En effet, ces tragédies mettent en lumière le pouvoir croissant de la NRA et sa responsabilité dans ce fléau. L'enquête du New York Times survient alors que l'opinion américaine change sur la question du contrôle des armes à feu. Selon une enquête du Morning Consult réalisée en avril dernier, 67 % des électeurs se déclarent favorables à une réglementation plus stricte.
Cependant, les divisions politiques freinent tout progrès sur ce sujet, malgré une augmentation des fusillades de masse – 649 cas recensés en 2022 par l'organisation Gun Violence Archive – souvent perpétrées avec des armes obtenues légalement. Pendant ce temps, la NRA, qui finance plusieurs élus, peut compter sur le soutien des candidats républicains à la présidentielle, tous engagés en faveur d'une Amérique pro-arme.