Le conseil de l'ordre des pharmaciens suspendu dans l'affaire des faux médicaments au Bénin

Des militaires s'agissant les faux médicaments au marché Adjegounlè à Cotonou, Bénin, le 2 mars 2017. (VOA/Ginette Fleure Adande)

Le gouvernement béninois a décidé de suspendre le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens et d'interdire l'un des principaux fournisseurs dans le pays, afin d'assainir le secteur pharmaceutique gangrené par le commerce de faux médicaments.

Ces mesures interviennent au lendemain d'un procès sans précédent qui a débouché sur la condamnation de plusieurs dirigeants de sociétés de distribution à des peines de prison ferme, dans le cadre de la lutte contre les faux médicaments lancée par l'administration du président Patrice Talon.

"Le conseil des ministres a décidé de suspendre pour une période de six mois l'Ordre des pharmaciens du Bénin, le temps de faire les réformes nécessaires dans le secteur", a déclaré à la presse le ministre de la Justice Joseph Djogbenou.

"L'Ordre n'a pas pu assurer ses missions et l'Etat a décidé de prendre ses responsabilités. Des éléments probants établissent une complaisance", a-t-il ajouté, précisant qu'"il ne s'agit pas d'une dissolution mais d'une suspension".

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L'Ordre des pharmaciens n'était immédiatement joignable pour réagir.

Par ailleurs, le ministre a annoncé que l'un des principaux importateurs, le laboratoire New Cesamex, "est désormais interdit d'activité au Bénin et ses produits seront retirés de tous les officines".

Atao Hinnouho, député de l'opposition, fait affaire avec ce laboratoire basé en RDCongo et plusieurs centaines de cartons de médicaments ont été saisis chez lui début décembre, selon le ministre.

L'homme est introuvable mais deux de ses collaborateurs ont été condamnés mardi à Cotonou à six et dix-huit mois de prison ferme pour "trafic et vente illicite de médicaments".

Cinq autres personnes ont été condamnées à l'issue du procès à quatre ans de prison ferme pour "vente de médicaments falsifiés, exposition, détention en vue de vente, mise en vente ou vente de substances médicamenteuses falsifiées".

Le Bénin a la réputation - avec son grand voisin nigérian - d'être la plaque tournante du commerce illicite des médicaments en Afrique de l'Ouest, les faux médicaments circulant notamment par le port de Cotonou.

Le gouvernement de Patrice Talon, élu en 2016, a décidé de combattre ce fléau, qui tue près de 100.000 personnes chaque année en Afrique sub-saharienne, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Des dizaines de tonnes de faux médicaments ou de médicaments qui échappent à la commercialisation officielle ont été saisis et des dizaines de personnes arrêtées depuis un an au Bénin, où des voix s'élèvent pour dénoncer un coup de filet abusif dans le secteur.

Avec AFP