Bras de fer en perspective entre les autorités nigériennes et les croyants à l'entame du Ramadan

La mosquée d'Agadez, le 17 décembre 2016, au Niger. (VOA/Abdoul-Razak Idrissa)

Au Niger, des manifestations de protestation contre le couvre-feu nocturne et la fermeture des mosquées, mesures prises pour casser la chaine de transmission du Covid-19, ont eu lieu dans la capitale notamment ces derniers jours. Qu'en sera-il du ramadan?

Ce vendredi 24 avril, les musulmans du Niger entament le jeune du mois de Ramadan. Une période importante de pénitence et de dévotion où les fidèles envahissent les mosquées pour multiplier prières et invocations. Cette année, du fait du Covid-19, les mosquées sont fermées pour les prières collectives.

"C’est difficile de faire seul à la maison les prières surérogatoires de chaque soir pendant le mois de ramadan", regrette Rabia Djibo, habitante du quartier Bassora de Niamey. Ce sera davantage compliqué dans la dernière jours du mois, où les croyants battent en retraite dans les mosquées pendant 10 jours, poursuit la jeune dame qui espère que les autorités en tiendront compte en exigeant des mesures hygiéniques à l’entrée des mosquées une fois rouvertes au public.

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Le gouvernement, à l’issue du conseil des ministres du mercredi 22 avril, a décidé de maintenir toutes les mesures barrières qu’il a prises.

"Aussi longtemps que durera la chaine de contamination de la maladie du coronavirus, toutes les mesures préventives décidées seront maintenues et renforcées", indique un communiqué du Conseil islamique. La structure demande aux fidèles de faire preuve de "davantage d’endurance et de s’abstenir de tout attroupement dans le but de se protéger et protéger les autres".

Pour Hassane Boukar, journaliste à Alternatives Espaces Citoyens, "ça va être un vrai défi" de faire respecter cette décision. Selon lui, "aller à la mosquée c’est quand même un réflexe dans ce pays". Aussi, ajoute Hassane Boukar, les porteurs du message –le conseil islamique—ne sont pas forcément les plus écoutés.

Hassane Boukar estime que le mimétisme dans la prise des mesures pour faire face à la pandémie est sujet à caution. "A quoi rime par exemple l’instauration d’un couvre-feu nocturne alors que les marchés sont ouverts toute la journée?"

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Les résultats de l’isolement sanitaire de la capitale Niamey, épicentre de la maladie, ne sont pas non plus au rendez-vous, puisque à cette date seules deux régions sur les huit n’ont pas encore enregistré de cas positifs au Covid-19.

Dans un nouvel arrêté signé jeudi, le gouverneur de la région de Niamey a reconduit pour deux semaines l’isolement sanitaire de la ville. Il en est de même pour le couvre-feu dont les horaires ont cependant été réaménagé de 21h à 5h au lieu de 19h à 6h.

Un peu plus d’un mois après le premier cas confirmé, le pays a franchi la barre des 600 personnes atteintes du Covid-19 avec 20 décès.