BUDAPEST/ATHENES (Reuters) - L'afflux de migrants se poursuivait lundi en Europe, via la Méditerranée et les Balkans, et les gouvernements des pays de l'Union européenne multipliaient les contacts pour tenter de trouver une réponse commune à la crise.
Le Luxembourg, qui assure la présidence tournante de l'UE, organisera le 14 septembre une réunion d'urgence des ministres de l'Intérieur des Vingt-Huit.
"La situation en matière de migration en dehors et à l'intérieur des frontières de l'Union européenne a récemment pris des proportions jusqu'ici inédites", a souligné le Luxembourg dans un communiqué.
La réunion du 14 septembre vise à "renforcer la réponse européenne" à la crise. Elle se penchera aussi sur la politique de retour, la coopération internationale et les mesures visant à identifier et à lutter contre les réseaux de trafiquants.
La chancelière allemande Angela Merkel a appelé dimanche ses partenaires européens à oeuvrer à une meilleure répartition des migrants au sein de l'Union, alors que l'Allemagne s'attend à accueillir 800.000 demandeurs d'asile sur la totalité de l'année 2015.
Pour leur part, les chefs de gouvernement de quatre pays d'Europe centrale - Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie - se réuniront à la fin de la semaine, vendredi ou dimanche, à Prague pour se pencher sur ce délicat dossier.
Il s'agira de définir une position commune en rejetant toute idée de quotas fixés par l'Union européenne pour l'accueil des migrants, a précisé Robert Fico, le Premier ministre slovaque.
QUOTAS
"Si un mécanisme de répartition automatique des migrants est adopté, alors nous nous réveillerons un matin avec chez nous 100.000 personnes venues du monde arabe et je ne veux pas qu'un tel problème se pose à la Slovaquie", a-t-il dit.
La chancelière allemande Angela Merkel a estimé que si l'Union européenne n'était pas en mesure de s'entendre sur une répartition juste des réfugiés, l'espace Schengen serait remis en question.
Dimanche, Londres a critiqué la libre circulation et la suppression des contrôles entre la plupart des pays de l'Union européenne, l'accusant d'aggraver la crise des migrants.
Membre de l'espace Schengen, la Hongrie attire des dizaines de milliers d'immigrés clandestins, venus notamment du Proche-Orient, qui tentent de gagner l'Europe de l'Ouest par les Balkans.
Pour endiguer ce flot, le gouvernement de Budapest a fait ériger une clôture le long des 175 km de frontière entre la Hongrie et la Serbie. Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a jugé "scandaleuse" l'attitude de la Hongrie.
Lundi, deux trains remplis de centaines de migrants ont quitté à deux heures d'intervalle la gare de Budapest à destination de Munich, dans le sud de l'Allemagne. Dans l'après-midi, les deux convois sont arrivés à Hegyeshalom, à la frontière autrichienne, où ils se sont arrêtés.
Les autorités autrichiennes ont fait savoir qu'elles ne pouvaient accepter pour l'instant l'entrée de ces trains en Autriche en raison du trop grand nombre de passagers à bord.
L'AUTRICHE RENFORCE LES CONTRÔLES
La police autrichienne a dit qu'elle accepterait, après contrôle, l'entrée des migrants qui veulent déposer une demande d'asile en Autriche - ils auront deux semaines pour le faire - mais pas ceux qui ont déjà déposé une telle demande en Hongrie.
L'Autriche a renforcé les contrôles à ses frontières orientales, après la découverte la semaine passée de 71 migrants morts dans un camion en provenance de Hongrie et abandonné en bordure d'une autoroute.
Pour Vienne, ces contrôles ne constituent pas une violation aux règles de libre circulation à l'intérieur de l'espace Schengen dont font partie l'Autriche et ses voisins orientaux.
Au cours des trois derniers jours, la police hongroise a interpellé près 8.800 migrants entrés en Hongrie à partir de la Serbie.
Les autorités grecques ont par ailleurs annoncé lundi que la garde-côtes avait porté secours à 2.500 réfugiés et migrants au cours des trois derniers jours en mer Egée.
Après une interruption de quelques jours la semaine dernière, les autorités grecques ont repris samedi l'acheminement de réfugiés syriens par bateau vers le continent, et le dernier groupe en date de 2.500 réfugiés est arrivé dans le port du Pirée.
La majeure partie d'entre eux devraient gagner la frontière macédonienne, dans l'espoir d'atteindre ensuite l'Europe du Nord.
Près de 300.000 personnes ont franchi la Méditerranée cette année, dont près de 181.500 vers la Grèce et 108.500 vers l'Italie, selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).