Avec la fermeture des écoles fin mars pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, les autorités avaient créé ce dispositif destiné aux enfants de milieux modestes.
Le refus initial du pouvoir de le maintenir au cours de la période estivale, malgré l'appel émouvant en ce sens lancé par l'international anglais et un coût limité au vu des sommes astronomiques engagées contre la crise actuelle, avait provoqué un tir nourri de critiques, y compris au sein du parti au pouvoir.
Boris Johnson a fini par revoir sa position. En raison de la pandémie de Covid-19, "le Premier ministre comprend totalement que parents et enfants se retrouvent face à une situation sans précédent pendant l'été", a déclaré son porte-parole.
Il a en conséquence annoncé le déblocage d'un fonds alimentaire d'un montant d'environ 120 millions de livre sterling (133 millions d'euros).
Le dispositif, sous forme de bons d'achat, ne perdurera pas au-delà de l'été, a précisé la même source. "Il est dans l'intention du gouvernement que tous les élèves retournent à l'école en septembre", a précisé le porte-parole, affirmant que Boris Johnson a salué la "contribution de Marcus Rashford au débat sur la pauvreté".
Lire aussi : Football : Face aux baisses de salaires, les footballeurs anglais résistentAprès avoir collecté 20 millions de livres (22,3 millions d'euros) pour financer des repas pour des personnes défavorisées, Marcus Rashford, 22 ans, avait interpellé lundi le gouvernement dans une lettre ouverte qui avait suscité l'émotion.
Il s'est de nouveau expliqué mardi dans une tribune parue dans le quotidien The Times. "Je sais ce que c'est que d'avoir faim", a-t-il assuré, plaidant avec vigueur pour la prolongation du dispositif en faveur des enfants défavorisés. "Il y a 10 ans, j'étais l'un d'eux".
Il appelait les députés de tous bords à "mettre leurs rivalités de côté" et à faire preuve de "solidarité" sur un sujet qui pourrait porter atteinte à la "stabilité de familles à travers le pays pour les générations qui viennent"
- "Volte-face" -
La fin de ce programme faisait mauvaise impression pour un Premier ministre élu notamment en remportant de nombreuses circonscriptions défavorisées du nord de l'Angleterre, autrefois ouvrières et acquises aux travaillistes, s'estimant souvent oubliées de la classe politique.
Elle intervenait aussi à un moment délicat socialement avec une violente crise économique due au confinement, seulement allégé à petits pas dans le pays le plus endeuillé d'Europe par le nouveau coronavirus avec près de 42.000 morts. La réduction progressive, programmée à partir de l'été, du dispositif de chômage partiel fait craindre des suppressions massives d'emplois.
Lire aussi : 100 jours après, le retour d'une Premier League méconnaissableLe chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, s'est félicité de cette "nouvelle volte-face de la part de Boris Johnson". "L'idée d'avoir 1,3 million d'enfants souffrant de la faim cet été dépasse l'imagination", a-t-il tweeté, saluant Marcus Rashford "et les nombreux autres qui ont pris la parole avec force sur ce sujet".
Face à une précédente polémique, le gouvernement britannique avait finalement décidé d'exempter les soignants étrangers d'une taxe annuelle de plusieurs centaines de livres destinée à financer le service public de santé (NHS).
Les critiques avaient aussi gagné le camp conservateur, comme le président de la commission sur l'éducation, Robert Halfon, qui a qualifié le joueur de source d'"inspiration et de "héros de notre époque".
Lire aussi : Le foot anglais à pas comptés vers une repriseDans les premiers jours du confinement, Marcus Rashford avait lancé sur les réseaux sociaux une campagne de levée de fonds. Une première vague de dons avait permis de collecter 134.000 livres (149.000 euros) et il avait lui-même versé de l'argent pour porter cette somme à 400.000 livres (445.000 euros), en avril.
Il s'était ensuite engagé à obtenir 20 millions de livres (22,3 millions d'euros) en dons pécuniaires et alimentaires pour permettre que trois millions de repas soient servis à des personnes défavorisées, un objectif atteint en fin de semaine dernière.