Le général Nyamwasa accuse Kigali de "terroriser" l'opposition

L'ex-général rwandais exilé Faustin Kayumba Nyamwasa lors de sa comparution devant un Tribunal de Johannesburg, le 21 juin, 2012.

L'ex-général rwandais exilé Faustin Kayumba Nyamwasa, entré en dissidence contre le président Paul Kagame, a accusé jeudi Kigali d'"intimider" et "terroriser" l'opposition, après l'émission, selon la presse locale, de mandats d'arrêt le visant.

Faustin Kayumba Nyamwasa est réfugié depuis 2010 en Afrique du Sud, où il a été victime de plusieurs tentatives d'assassinat.

Selon le site d'information rwandais Igihe, proche du régime de Kigali, le parquet rwandais "a émis des mandats d'arrêt contre le général en exil Kayumba Nyamwasa et d'autres leaders du nouveau groupe rebelle P5, qui est basé dans l'est de la RDC" (République démocratique du Congo).

Le P5 est composé de cinq partis d'opposition, dont le Congrès national rwandais (RNC) de Faustin Kayumba Nyamwasa, accusés par Kigali de fomenter une rébellion, ce qu'ils nient.

Selon M. Kayumba Nyamwasa, son beau-frère Frank Ntwali et Kennedy Gihana, avocat basé en Afrique du Sud, figureraient parmi les personnes visées par ces mandats d'arrêt.

Les autorités rwandaises n'étaient pas joignables pour confirmer leur émission. De son côté, Pretoria a indiqué ne pas avoir été informé de ces mandats.

Le général Kayumba Nyamwasa a nié les accusations pesant sur lui. "C'est la façon dont le gouvernement rwandais travaille, en intimidant et terrorisant l'opposition", a-t-il affirmé à l'AFP.

"Si vous vous opposez à Kagame, soit il vous tue, soit, s'il ne vous tue pas, il vous emprisonne, et s'il ne vous emprisonne pas, il vous harcèle", a-t-il ajouté.

Le dissident s'est également interrogé sur le moment choisi pour l'émission de ces mandats, au moment où la justice sud-africaine se penche sur l'assassinat d'un autre proche de Paul Kagame devenu dissident, Patrick Karegeya.

Ce dernier, ex-chef des services secrets rwandais et ami du général Kayumba Nyamwasa, avait été retrouvé étranglé en 2014 dans un hôtel de luxe de Johannesburg.

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Le parquet sud-africain a établi que des "liens étroits" existaient entre les suspects de cet assassinat et le régime Kagame.

Selon Faustin Kayumba Nyamwasa, les autorités rwandaises "essaient de détourner l'attention de l'enquête judiciaire (sud-africaine) (...) afin que la question des mandats d'arrêt éclipse celle de l'enquête".

Kigali est régulièrement accusé de s'en prendre à ses opposants établis à l'étranger, notamment en cherchant à les éliminer physiquement. Paul Kagame l'a toujours nié.