Le gouvernement active un plan de "riposte" contre Ebola en RDC

Un agent de santé se rend dans une unité de quarantaine d'Ebola, à Muma, en RDC, le 13 juin 2017

Le ministère de la Santé congolais a affirmé que le plan de "riposte" contre Ebola a été activé à Mbandaka, dans le Nord-ouest de la République démocratique du Congo, où le ministre de tutelle s'est rendu pour s'assurer de son bon déroulement.

Les agences d'aide internationales et pays voisins de la République démocratique du Congo étaient mobilisés vendredi contre l'épidémie de la fiévre hémorragique Ebola alors que le bilan des victimes s'alourdit.

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Selon un nouveau bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de morts dus à Ebola en RDC s'élève à 25 morts, sur un total de 45 cas confirmés ou suspectés.

L'épidémie est apparue début mai dans une zone rurale du nord-ouest de la RDC, avant de se propager à Mbandaka, ville d'environ 1,5 million d'habitants située sur le fleuve Congo et reliée à Kinshasa par de nombreuses liaisons fluviales. Ce cas "augmente le risque de propagation en RDC et dans les pays voisins", selon l'OMS.

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Plus de trois cents personnes auraient eu des contacts directs ou indirects avec des malades d'Ebola à Mbandaka, capitale de la province de l'Equateur, a-t-on appris de source médicale.

Un Comité d'urgence de l'OMS doit décider vendredi à Genève si la situation constitue "une urgence de santé publique de portée mondiale".

- "haute alerte" -

Face à la menace, des pays voisins de la RDC se sont déclarés vendredi en état de "haute alerte".

"Cinq des six États membres de l’EAC (Communauté d’Afrique de l’Est) partagent une frontière avec la RDC et tous entretiennent des échanges commerciaux avec d’importants trafics transfrontaliers", a rappelé cette organisation sous-régionale, soulignant qu'aucun cas d'Ebola "n'a encore été identifié dans la région".

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"Les États membres ont mis en place une série de mesures de sécurité", incluant l’examen rapide de personnes arrivant de la RDC, la mobilisation des personnels de santé, la mise en place et le renforcement des capacités de centres ad hoc, ainsi que la sensibilisation des populations.

De son côté, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé vendredi le déploiement d'épidémiologistes et de personnel médical à Kinshasa et sur seize points d'entrée aux frontières de la RDC pour tenter d'empêcher la propagation d'Ebola.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé vendredi avoir aussi mobilisé plus de 200 volontaires dans la lutte contre la propagation d'Ebola.

- "les autorités n'ont rien fait" -

Après l'apparition d'Ebola à Mbandaka, les habitants de cette ville de l'ouest de la RDC avaient exprimé leur colère devant l'inaction des autorités.

Le ministère de la Santé congolais a affirmé vendredi à l'AFP que le plan de "riposte" contre Ebola a été activé à Mbandaka, où le ministre de tutelle, le Dr Oly Ilunga, s'est rendu vendredi.

"Le plan de riposte contre Ebola est activé" et "Mbandaka est sous surveillance sanitaire", a déclaré à l'AFP Jessica Ilunga, chargée de communication du ministère de la Santé.

"Le gouvernement a décrété la gratuité des soins car la barrière financière ne peut en aucun cas constituer un frein à l'accès aux soins de santé surtout en période d'épidémie", a déclaré le ministre de la Santé cité par la télévision publique.

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A Mbandaka, les habitants étaient sceptiques après ces annonces : "C'est quel genre de riposte ? Plusieurs délégations viennent et repartent, mais sur le terrain on ne voit rien", a déclaré à l'AFP un habitant, Gaston Bongonga.

"Ils ont été tous incapables de contenir Ebola à Bikoro (épicentre de la nouvelle épidémie à une centaine de km de Mbandaka) parce qu'ils ne font rien d'efficace", a-t-il ajouté.

"Je viens de Bikoro, il n'y a que deux points de contrôle sur plus de 100 km de route dans les villages Kalamba et Ndenga. Ce n'est pas efficace parce que de nombreuses personnes qui voyagent par moto et à pied échappent à ce contrôle", a déclaré auparavant à l'AFP un Congolais inquiet, Abraham.

"Les autorités n'ont rien fait pour éviter qu'Ebola n'arrive à Mbandaka", a estimé de son côté un habitant.

Dans les ports, le dispositif de contrôle est constitué des thermomètres laser, de bassines d'eau et de savon liquide, d'un registre sur lesquels les noms et adresses des voyageurs à l'arrivée sont inscrits, a constaté un correspondant de l'AFP.

Face à l'épidémie d'Ebola, de nombreux Congolais se tournent aussi vers les Eglises.

- "Risque très élevé" -

Le pays fait face à sa neuvième épidémie depuis son apparition sur le sol congolais en 1976.

La dernière remonte à 2017. Rapidement circonscrite, elle avait fait officiellement quatre morts.

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Dans l'épidémie actuelle, les cas avaient jusqu'à présent été uniquement recensés dans la région de Bikoro, zone rurale très difficile d'accès à la frontière avec le Congo-Brazzaville.

L'OMS a révisé son évaluation du risque de propagation de l'épidémie, désormais considéré comme "très élevé" au niveau national et "élevé" pour les pays voisins. Au niveau mondial, le risque de propagation est jusqu'à présent classé "faible".

Un lot de 5.400 doses de vaccins contre Ebola en provenance de Genève réceptionné à Kinshasa, 16 mai 2018. (Twitter/OMS)

L'agence est en train d'envoyer 7.540 doses d'un vaccin expérimental. 4.300 doses sont déjà arrivées à Kinshasa.

L'épidémie d'Ebola la plus violente de l'histoire a frappé l'Afrique de l'Ouest entre fin 2013 et 2016, causant plus de 11.300 morts sur quelque 29.000 cas recensés, à plus de 99% en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. L'OMS avait alors été vivement critiquée pour la lenteur de sa réaction.


Avec AFP