Le tribunal de l'Audience nationale a jugé que la Garde civile espagnole avait fourni une protection "inadéquate" à cette femme, qui avait demandé à être protégée de son conjoint en septembre 2016 à Sanlucar la Mayor près de Séville.
La requête de la victime avait été rejetée car son mari n'avait pas d'antécédents judiciaires, conduisant la Garde civile à conclure que le danger était insuffisant, a détaillé le tribunal. Un mois plus tard, cette femme a été poignardée à mort dans la rue par son mari, devant leurs deux enfants.
L'Audience nationale a ainsi ordonné au ministère de l'Intérieur de verser 20.000 euros à chacun des parents de la victime et 70.000 euros à chacun de ses deux enfants pour "préjudice moral".
"La prise de conscience sociale et institutionnelle de l'importance du problème de la violence de genre exige une plus grande sensibilisation que celle dont a fait preuve la brigade de la Garde civile dans cette affaire", a indiqué le tribunal dans sa décision.
Lire aussi : La Namibie va se doter de tribunaux spécialisés dans les cas de violence contre les femmesL'Espagne a fait de la protection des femmes une priorité dès 1997, après le traumatisme national causé par le féminicide d'Ana Orantes: une Espagnole de 60 ans battue, jetée depuis un balcon puis brûlée vive par son ex-mari, après avoir signalé plusieurs fois ses violences aux autorités et à la télévision.
Ana Orantes avait été forcée de partager sa maison avec son ex-mari par le tribunal qui avait prononcé leur divorce.
Le parlement espagnol a adopté à l'unanimité en 2004 la première loi d'Europe faisant du genre de la victime une circonstance aggravante en cas d'agression.
Cette loi prévoit aussi une aide juridictionnelle gratuite pour les victimes de violences sexistes, instaure des tribunaux spécialisés en la matière et permet aux procureurs de poursuivre un suspect même si la victime n'a pas porté plainte.
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